[Habitation] Le conteneur
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[Habitation] Le conteneur
Vous avez déjà vu des conteneurs de chantier ? Alors imaginez qu’une grue ait assemblé plusieurs en les empilant pas vraiment dans le même sens, les uns à côté des autres, ou les uns sur les autres. Et à la fin, ça a donné « Le conteneur ». Il y en a des rouges, des jaunes et des oranges, certains ont gardé leur revêtement métallique d’autres sont en bois, certains ont des fenêtres rondes comme de gros hublots et d’autres ont des fenêtres carrées, et il y a même deux petits balcons.
Toutefois à l’intérieur on découvre au rez-de-chaussée qu’il ne s’agit pas seulement de gros conteneurs rassemblés les uns à côté des autres, mais en entrant par la simple porte, on débarque dans une vaste et unique pièce à vivre. Oui enfin vaste, tout est relatif. Toutes les parois sont lamées de bois et le sol est en plancher. Il y a trois canapés, chacun d’une couleur différente, l’un en tissu, l’autre en cuir, et l’autre encore en velours. Mais leurs couleurs sont un peu passée. Il y a les tables basses, les étagères de ci-de là et au fond une grande table unique avec ses bancs où tout le monde ou presque se réunit pour manger, ça dépend des horaires de chacun.
Dans un angle, une cuisine ouverte pas trop mal équipé et surtout bidouillée par l’inventeur et réparateur du coin. Le tout forme un ensemble chaleureux et plutôt disparate, comme le sont ses habitants. Un espace a été réservé dans un autre angle, pour servir de réserve, un petit réduit très pratique.
Au milieu il y a un escalier aéré qui mène aux étages.
Au premier, il y a les deux salles d'eau, blanches, basiques, d’un côté réservé aux filles et de l’autre côté réservés à ces messieurs. Pas de baignoire mais des douches, un lavabo et des WC.
Sur le même niveau, on trouve deux autres pièces. C'est un conteneur, séparé en deux par une mince cloison. Chaque pièce comporte deux petits lits de fortune.
Puis un autre escalier qui mène au dernier étage. Celui-ci se divise en deux conteneurs, formant quatre pièces. Comme au première étage, deux lits meuble chacune des chambres.
- Maître du JeuGénéralDétailsHRP
Re: [Habitation] Le conteneur
C’est difficile de garder le sourire quand notre vie, qui était en plein essor, se retrouve subitement arrêtée. C’est comme si j’étais morte, mais je ne le suis pas. C’est comme un nouveau départ que je n’aurais pas planifié. C’est sûr que si j’avais prévu finir ici, j’aurais appris autre chose que du chant, de la danse et savoir coordonner son verni à ongles avec ses chaussures. Pourquoi j’ai pas un diplôme d’ingénieure ou de médecin?
C’est difficile aussi de voir ce qui était à soi être transféré dans d’autres mains. Je comprends que je n’ai pas mon mot à dire, surtout je comprends que tous mes trucs pourront servir à d’autres qui en ont plus besoin que moi. Un séchoir à cheveux n’est pas du tout utile ici. Je ne vais pas pleurer sur ça, mais il y avait des petits trucs que j’aimais beaucoup, qui avaient une valeur sentimentale pour moi, comme cette montre que mon père m’avait donnée. Il faut recycler la technologie, une AppleWatch ne me sera pas utile… mais…
Je n’ai même pas gardé ma valise. De toute manière elle serait trop grosse pour bien circuler dans les rues de cette ville, mais je me sens pauvre Cosette un peu avec mon châle dans lequel j’ai empaqueté les quelques effets qu’on m’a laissés. Peut-être qu’elle se sentait un peu comme ça quand elle est partie de chez les Ténardiers pour suivre cet inconnu. Une nouvelle vie qui l’attendait, des incertitude à la pelle… Bon moi je n’ai pas de protecteur grand comme une maison et capable de soulever des poutres comme des pailles.
N’empêche, je serre contre moi le peu qui me reste lorsque j’entre dans l’habitation qu’on m’a indiquée. C’est là que je vais vivre désormais, avec d’autres gens dont je ne connais rien. C’était quand même pas si mal vu de l’extérieur, et j’ai un petit soupir de soulagement quand je vois l’intérieur. Je m’étais imaginée bien pire. Comme une petite souris, je m’aventure davantage à l’intérieur et j’arrive même à avoir un petit sourire devant les efforts qui ont été faits pour rendre l’endroit un minimum confortable et coquet. Bon, ça va avoir besoin d’un peu d’amour, mais c’est pas la fin du monde. De toute manière c’est chez moi maintenant, aussi bien apprendre à aimer l’endroit.
« Ohé! Y’a quelqu’un? »
On m’a dit qu’il y avait un autre assigné à cet endroit. Soit cette personne n’est pas là, ou elle ne m’entend pas. Allez j’explore un peu plus et je vais à l’étage. Des salles d’eau, deux chambres avec deux lits. Le truc sympa, c’est que je peux choisir où je vais dormir au lieu de prendre ce qui reste. On prend les petites victoires où elles sont! Je grimpe un étage de plus où deux autres chambres se trouvent et je jette finalement mon dévolu sur un des lits inoccupés vu les draps pliés qui trônent dessus. Je m’assois dessus, pas très certaine de la fraîcheur du matelas et des draps, mais ça semble partout pareil. Bon... y’a sûrement quelque chose à faire avec ce recoin qui sera mien. Peut-être un ciel de lit? Je pourrais trouver des bouts de ficelle et faire quelque chose dans le style filet de pêcheur et y accrocher des petites trouvailles jolies. En attendant je suspens au-dessus de mon nouveau lit mon châle qui est d’un joli bleu et je commence à placer les draps sur le mince matelas, en chantonnant pour briser un peu le silence de la place.
- InvitéGénéralDétailsHRP
- Invité
Re: [Habitation] Le conteneur
J’avais de la cendre dans la bouche. De façon imagée. Mais une sorte de bille noire et amer qui remonte jusqu’à la glotte, n’attendant qu’une impulsion pour être régurgité.
Mais cette impulsion ne vient jamais.
Je ne savais trop si j’étais en colère, triste, affligé, révolté ou…
En réalité, j’étais perdu. Irrémédiablement.
Je n’avais aucun repère, mis à part cette blouse factice. D’ailleurs, toutes mes actions précédentes s’apparentaient à du vol. Apparemment, les médicaments étaient rationnés. Chacun avait sa place, chaque chose également. Comme les rouages bien huilés d’une grande machine.
Oui, Ben, merci, c’est ce qu’on appelle un état sociétal.
J’avais envie de crier. Je ne savais même pas pourquoi, j’étais en colère. Peut-être le fait de perdre le contrôle ? De sentir, qu’une fois de plus, mon existence n’était pas décidée par mon libre-arbitre, mais par des instances supérieures.
Je pouvais comprendre pas mal de choses. De beaux préceptes, à n’en point douter… Mais les accepter ? C’était plus difficile. Bien plus difficile.
Et puis…
Comment réaliser qu’on a définitivement quitté le monde qu’on a toujours connu ? Qu’on n’est même plus sur Terre ?
C’était impensable.
Je n’y croyais pas, tout simplement. Même si on me demandait actuellement de faire davantage preuve de raison qu’un acte de foi.
Tout cela avait le goût amer d’une mauvaise blague. Un peu comme un vieux bonbon à la réglisse qui aurait traîné trop longtemps au fond d’une poche. (un goût assez peu recommandable : n’essayez pas ça chez vous)
Chez vous…
C’est drôle, comme idée. Ou concept. Ou ce que vous voulez.
Je n’ai jamais véritablement eu de chez moi. J’étais toujours brinqueballé. Et puis, j’ai toujours vécu en communauté : que ce soit à l’orphelinat, au séminaire ou à l’université, je n’ai jamais connu que des dortoirs uniformes et des règles de vie stricte. Là encore, on décidait pour moi.
Et ce schéma se reproduit dans cet environnement qui… Auquel je ne pourrais très certainement jamais m’habitué.
On dirait une sorte d’ironie tragique. A croire que je suis fait pour avoir une vie dictée et bien rangée. Ça ne m’a jamais dérangé jusqu’à… Jusqu’à ce que je ne puisse poursuivre au séminaire. Après, ce ne fut plus vraiment pareil.
Déglutition.
Et là, encore, me voici en communauté. Dans des conteneurs.
On voit que des efforts ont été faits pour rendre ça un peu agréable à vivre. De l’extérieur, comme de l’intérieur… Malgré le fait que ce soit des conteneurs empilés les uns à la suite des autres à la façon de lego. C’est appréciable… C’est un peu comme si on donnait un oreiller en plume d’oie à un prisonnier.
Même si…
Je n’étais pas prisonnier, mmh ?
Apparemment, j’étais citoyen de cette Cité, et j’aurais très certainement un rôle à y jouer. Ça doit être l’effet « blouse blanche ».
Sans trop m’attarder à l’extérieur, je pousse la porte d’entrée et commence à m’habituer autant que faire se peut à mon nouvel environnement quand il me semble percevoir un bruit, un peu plus haut… ça résonne bien dans le coin. Ça doit pas être très insonorisé.
Je claque ma langue d’agacement, sans même m’en rendre compte. Pourtant, la vie en communauté, je connais.
Je ne connais que ça.
Je monte les escaliers et m’arrête au premier étage. Avisant une chambre genrée chromosomes XY et me sentant vaguement concerné par cet état de fait, j’y entre et y dépose mon portefeuille.
Voilà.
Territoire marqué.
Ce lit de camp est désormais mien.
J’ai beau avoir l’habitude de la communauté, ça ne veut pas dire pour autant que je l’apprécie. Et lorsqu’on vit les uns sur les autres, il est important de définir des règles strictes ainsi que les limites de l’espace vitale de chacun.
Cette idée me rassure.
Ça fait des repères avec ce que j’ai toujours connu.
Et la familiarité est rassurante.
La routine…
Pourrais-je en retrouver une ici ?
La pensée s’en va aussi vite qu’elle fut venue, et me voici déjà reparti à l’étage supérieur, direction le petit fredonnement. Fredonnement émanant de…
Je déglutis, et reste un instant pétrifié face à la vision d’horreur qui s’offre à moi. Poings crispés, visage tendus, yeux exorbités, je vois une espèce de bête tout en longueur à la forme vaguement humanoïde, avec les organes à l’air. Une paire de poumon, de reins, un cœur tranquille, un cerveau spongieux…
La nausée remonte illico dans mon tube digestif et je me fais violence pour ne pas régurgiter… Quoique j’eus pu ingurgiter entre maintenant et ma précédente régurgitation.
C’est-à-dire : un verre d’eau et un médicament contre la douleur.
Pas bon de faire un malaise maintenant. Ces pirouettes dans l’estomac me rappellent également que ça fait un moment que je n’ai pas mangé. Un détail qui pourrait avoir son importance par la suite.
Mais, pour l’instant, le gros détail à prendre en compte était cette paire de poumons fredonnante. Au-delà du dégoût, j’étais fasciné. Un être qui n’est constitué que d’organes apparents, on ne voit pas ça tous les jours !
Je pris finalement la décision de m’avancer, histoire d’examiner tout cela de plus près, et osais même engager la conversation avec l’être étrange d’en face. Ma curiosité avait toujours pris beaucoup de place. Au point de déborder sur celle attribuée à la prudence. Mais on s’y faisait assez bien :
« - Vous faites comment pour alimenter vos poumons ? Ils sont assez gros pour ressembler à ceux d’un être humain. En bon état même. L’environnement doit être correct… Combien de respiration par minutes ? »
Ces petites questions me faisaient d’ailleurs penser que mes propres poumons ne devaient pas être dans un très bel état.
Mais bon : mes considérations organiques sont un détail, face aux autres belles opportunités du métier qu’apportent les différents patients.
- Benedict O'BrienGénéralDétailsHRP
Re: [Habitation] Le conteneur
À un certain moment, je suis quasi persuadée que je n’arriverai jamais à faire ce lit. À force d’être lavés, réparés et… bon j’aime mieux ne pas savoir ce que ces pauvres draps ont pu subir d’autre, j’ai la nette impression qu’ils sont un peu plus petits que le pourtant mince matelas. On reste positive Mia, au moins il n’y a pas de puces de lit ou une autre bestiole du genre. … Je me penche malgré tout pour tenter de voir si une minuscule tête d’épingle bondissante ne surgirait pas des draps et matelas douteux. Hummm je le saurai bien assez tôt je présume…
Je me redresse alors que j’entends des pas dans les escaliers. Ah! Voilà donc un nouveau colocataire! Souriante, décidée à faire bonne impression, je me tourne vers l’entrée du conteneur deux place que j’occupe et…
« Pardon? »
C’est bien la première fois qu’on me dit un truc du genre. Et qu’on a visiblement envie de vomir lorsqu’on me regarde. Si je n’étais pas aussi surprise, je crois que je serais vexée. Je vérifie du bout des doigts si j’ai encore le nez à la bonne place, les yeux, les oreilles… tout semble bon. J’ai un truc pris entre les dents? Je me regarde; ma robe n’est ni tachée ni trouée, je ne dévoile rien de choquant. Mon regard retourne à ce type. Un joli brin de monsieur quand même, à part qu’il y a quelque chose chez moi qui ne lui plaît pas du tout. Je n’y comprends vraiment rien et je secoue la tête doucement tout en croisant mes mains devant moi.
« Je crois bien être un spécimen standard d’être humain qui respire par le nez comme tout le monde. Vous… allez bien monsieur? »
Oh mon Dieu, et si c’était un genre psychopathe ou sociopathe dangereux? Ce n’est pas vraiment comme s’ils vérifiaient notre dossier criminel quand ils nous laissent sortir de leur genre d’hôpital, ou qu’ils avaient les moyens de vérifier. Mon petit cœur s’affole un peu et je prends une lente et grande respiration pour l’obliger à se calmer un peu. Allons, tout va bien aller, le gars est juste un peu déboussolé, comme toi Mia.
Décidée à rafistoler cette première impression désastreuse, je fais un pas doucement vers lui, et lui tend la main avec mon plus charmant sourire.
« Mon nom est Mia Davies, je viens d’arriver dans cette étrange Cité. Et vous? »
Bon… j’espère qu’il ne va pas se sauver en hurlant ou aller vomir parce que je lui tends la main?
- InvitéGénéralDétailsHRP
- Invité
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