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[Habitation] Bâtiment réaffecté

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Message par Maître du Jeu Sam 18 Juin 2016 - 12:51

Rénové plus de dix ans auparavant, cet endroit a été à maintes reprises abandonné, à nouveau réutilisé, puis laissé en pâture à la poussière et moisissures en tous genres.

Néanmoins, avec l'arrivée constante de nouveaux survivants, ce bâtiment a été réaménagé en tant qu'habitation.

L'entrée mène directement à une grande salle "commune" rectangulaire équipée de quelques sièges et une table, le tout en bois d'arbre atlas, matériau solide et abondant. Un canapé trône même fièrement contre l'un des murs, recouvert d'une épaisse fourrure d'ursaï.

Une ouverture sur la gauche mène à ce qui pourrait être désigné comme un dortoir : six lits sont disposés à distance égale le long des murs formant un angle droit, chacun accompagné d'un petit meuble servant à ranger les rares possessions et vêtements de chaque habitant.

À droite de l'entrée se trouve un passage similaire, permettant cependant d'accéder à un "coin cuisine" ainsi qu'à une porte s'ouvrant sur une salle d'eau de fortune.

La décoration est inexistante, les murs de bois aux angles renforcés de pierres sont nus et ternes. Il n'est pas interdit de rendre l'habitation un peu plus joviale, mais cela n'est pas la priorité de certains ou certaines.
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Message par Elenna Keegan Mar 29 Aoû 2017 - 5:39

Rp privé avec Sanwa Cori Orwell.


Loin des yeux, mon coeur pleure.



C’était parfois compliqué d’être moi. Oui, je sais ce que vous pensez : comment fait-elle pour supporter de voir tant de beauté dans un miroir, d’écouter à longueur une voix aussi hypnotisante ? Comment fait-elle pour être aussi géniale ? Et je vous répondrais oui, c’est dur, mais il y a bien pire. Ce qui m’insupporte ? C’est de voir resurgir cette nana que j’ai abandonné derrière moi, cette fille que j’ai été fût un temps mais qui n’est plus. Je dois avouer qu’elle me manque parfois, que c’est chiant de faire toujours semblant de ne pas avoir de sentiments. A vrai dire, j’en ai encore, parfois, de temps en temps, bien enfouis sous des couches et des couches de carapaces et de rancœur. La personne à qui j’en veux ? La vie tout simplement. Cette garce qui m’a retiré beaucoup et qui chaque jour continue de me rappeler que ceux que j’aimais m’ont quitté. Pourtant, je ne donnerai rien au monde pour retourner à mon existence passée. J’étais si bien ici, loin de ma mère, loin de mes petits boulots, loin de ce sourire faux que j’avais trop longtemps placardé sur mon visage. Ce nouveau monde était le mien, ma renaissance, mon nouveau départ.

Mais la mémoire était traître, toujours là à nous faire faux bond, dans les moments les plus douloureux, elle ne cessait de nous rappeler ce que le passé nous avait fait subir. Aujourd’hui en était encore la preuve. Il faisait nuit noire sur la cité et tout le monde dormait ou travaillait tard. Heureusement, pour mon plus grand plaisir, le bâtiment réaffecté qui était mon nouveau foyer était vide. Où étaient-ils tous ? Je n’en avais aucune idée et comment vous dire que j’en avais absolument rien à foutre ? Je m’enfermais dans cette petite bulle de tranquillité, assise en tailleur sur mon semblant de lit, quelques affaires personnelles au creux des jambes. J’avais sorti mon sac en bandoulière de mon micro placard, revivant les souvenirs qui s’y cachaient. Il y avait ce journal, ce petit carnet que j’avais eu lors de mon travail au sein du secteur de la Recherche. J’avais pris pour habitude de tout noter, chaque journée, chaque détail, chaque rire et chaque doute, chaque échange de regard avec Ashton, son sourire et les notes de sa voix forte. Je feuilletais les quelques pages qui parlaient de mon ancien boulot dans la cité, ennuyée à l’idée de revivre mes désastres passés mais je m’arrêtais à chaque fois que je voyais son prénom.

Je le décrivais presque tous les jours, ce frère que je m’étais découverte, ses sautes d’humeur et ses histoires incroyables qu’il me racontait lorsqu’il rentrait d’expédition. Je me souvenais encore de l’admiration que j’avais pour lui, du courage qui semblait l’entourer comme une aura, de ce calme apaisant qui berçait sa voix, de ce rayon de soleil qui brillait en lui qu’importe le jour, qu’importe l’heure. Ashton ne m’avait laissé que peu de choses. A vrai dire, les seuls effets personnels qu’il avait dans ce monde m’avait été donné. Après tout, il n’avait pas de famille ici, j’étais la seule qui était autant attachée à ce brave gars. J’avais hérité de son brassard du secteur de la Défense, de sa chaîne en argent qui trônait autour de son cou (maintenant autour du mien) et de ses quelques habits. J’enfilais l’un de ses sweats mille fois trop grand pour moi, reniflant son odeur grâce à un odorat canin, continuant ma lecture. Plus je m’enfonçais dans mes récits, plus je sentais la tristesse m’envahir et bien vite, quelques larmes vinrent tâcher les pages, roulant sur mes joues puis sur le carnet. L’encre s’effaça légèrement à leur passage et je savais que je perdais tout mon glamour. Je frottais mon nez de la manche du pull et refermais le petit journal. Je me donnais encore quelques minutes, quelques secondes où je laissais mon cœur saignait et ressentir les émotions que j’avais enfoui bien loin depuis la mort d’Ashton. Dos à la porte du dortoir, je ne songeais même plus que quelqu’un pouvait rentrer et me voir dans cet été, moi la nana à la grande gueule et aux répliques tranchantes
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Message par Sanwa Cori Orwell Mar 29 Aoû 2017 - 19:41

Ploc. Ploc. Ploc. Ton yeux s'ouvre et ta tête s'immobilise, cessant son lent balancement de métronome au rythme des gouttes de pluie chutant de cette longue plante poilues aux feuilles fines. Tu frissonnes, prenant conscience que tu es trempé. Ton long chandail est imbibé de flotte, ton short colle à tes jambes maigres et au-dessous de tes genoux, enfoncés dans la terre molle du jardin, tes mollets baignent dans la boue verdâtre. C'est une après-midi morne tirant sur le gris et tu as froid en te réveillant, malgré la lumière blanche que rayonnent les deux soleils accrochés au plafond du monde. Tu ne sais pas combien de temps tu as dormi. Tu as l'impression que cette plante qui te fait face, celle que tu observait déjà lorsque ta conscience a glissé hors de ta portée, a grandi de dix bons centimètres quand tu étais occupé à cligner des yeux. Au moins. Et ces petits bourgeons bleus veinés de noir, étaient-ils déjà présent auparavant? Semblable à un lierre persistant, la pousse rongeait son chemin sur une ébauche de mur oublié au milieu du jardin, serpentant dans les fissures et éclatant la pierre. Décidément, ces végétaux ramassés discrètement au pied de la muraille réagissaient bien mieux à la greffe. Ils étaient plus fort. Vigoureux. Moins contrôlable également, tu te fais la remarque en passant le pouce sur l'une épine foncée ayant soudainement érupté le long du plant pendant ton absence. Tu sais que la plante n'est pas dangereuse, elle ne te transmet aucune énergie agressive et ne vient pas empaler le doigt que tu lui prêtes. Ton esprit est ailleurs, rassemblant faits et énigmes et cherchant à comprendre pourquoi diable les énergies de ce monde semblaient s'affaiblir au contact de l'homme. Tes deux sujets fusionnés étaient de la même famille végétale, tu en es certain, et pourtant ils réagissaient si différemment dans leurs habitats respectifs. Alors que tu te redresses en sifflant, faisant craquer tes articulations engourdies, tu songes à retourner prélever quelques uns de ces échantillons sauvages près des murs, tu y songes si fort que tu ne sors pas immédiatement de ta tête lorsque tu déloges deux ou trois planches de la salle d'eau pour t'introduire dans ton foyer. Que tu ne prêtes pas attention au bruit de tes pas sur le plancher en bois, sgniih, sgniih, sgniih -ni aux tâches de boue que tes chaussures déposent à intervalles réguliers et qui fait ressembler ton parcours à un jeu de piste. Que tu manque presque d'apercevoir, en passant dans l'entrebâillement du dortoir, la femme pelotonnée sur le lit, reniflant légèrement, le nez enfoui dans un pull bien trop grand pour elle -ça vous fait un point commun, tiens, quoique même toi tu ne les choisis pas si grand.

A vrai dire, c'est le léger dérangement dans le flux qui t'a mis la puce à l'oreille, pas vraiment une perturbation, plus un changement d'humeur de l'atmosphère qui en passant la barrière de tes oreilles (mentales et figurées) te fait légèrement tressaillir, emporté par la vague. Ce n'est pas joyeux, pas du tout et tu comprends instantanément, plus vite que même ta pensée ne peut le formuler, que tu es sur le point de t'immiscer de manière extrêmement impolie dans un moment qui n'es pas à toi. Tu détestes ça, tu n'évites rien avec plus de véhémence que de t'approprier des sentiments qui cherchent à rester cachés. Déjà que tu perçois bien assez de choses comme ça. C'est juste pas tes affaires, c'est tout. Malheureusement, comme on ne peut que s'y attendre, l'intuition que te transfère ton don, qui précède avec ironie tes capacités cérébrales de plusieurs longs instants, n'empêche pas ton pied de retomber sur le seuil, produisant un bruit mat, léger certes, mais qui te donne soudain l'impression de sonner comme une masse sur une délicate sculpture de verre représentant la fragilité de ce moment ou tu n'es pas encore entré dans son champ de perception.

Sgniih, sgniih, sgniih. Pendant que tu patines, tu as le temps d'enregistrer la silhouette de la jeune femme et bien que son dos uniquement te fasse face, sa lourde chevelure flamboyante te renvoie immédiatement à une sensation de familiarité. Elenna Keegan, une soldate qui partage ton lieu de vie lors des rares moments où tous deux vous y retrouvez en même temps. Lieu de vie, c'est dit seulement rapidement, car tu n'as pas l'impression que ni l'un ni l'autre n'y passe tant de temps que ça, bizarrement, à vivre. Vous n'avez jamais parlé. Tu n'as jamais grand-chose à dire, en tout cas rien que tu ne penses être d'intérêt pour des inconnus, même ceux avec lesquels tu vis, et tu ne penses pas que cette situation soit la meilleur pour un premier contact optimal, bizarrement. Evidemment, la surdose soudaine de sujets d'inquiétudes dans un crâne la plupart du temps paisible et -il faut le dire- isolé du reste du troupeau détraquent tes fonctions de base; en voulant effectuer un demi-tour rapide, ton buste pivote en fait de 270 degrés. Pour vulgariser, en termes profanes, tu te prends la porte. Sur le pif. Tu couines.

Outch.
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