Deux perturbés
The World Around Us :: :: Le Sud
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Deux perturbés
Le soleil était haut dans le ciel. Après tant de temps gris, ses rayons solaires ressourçaient.
Velhelm marchait d'un pas lent dans la ville. Il se dirigeait vers le poste de ravitaillement sans envie. Si seulement il pouvait être comme une plante. Se nourrissant seulement de ce que le soleil offrait. Si seulement il n'y avait pas la viande...
La file d'attente était déjà conséquente. C'était une bonne chose. Ça retarderait le moment où il pourrait récupérer sa ration alimentaire. Les mains dans les poches, la tête fixant le sol, Velhelm se demanda une nouvelle fois quelle était le but de cette blague cosmique. Pourquoi l'enlever de son monde natal et l'amener ici ? N'avait-il pas souffert assez ?
« Bonjour monsieur. Voilà votre ration. »
« (silence...) »
« Monsieur ? Est-ce que ça va ? »
« Pardon ? Oui, oui. Merci beaucoup. Au revoir. »
Velhelm alla s'asseoir sur un banc. Un rayon de soleil le réchauffait et l'homme au visage émacié leva la tête, fermant les yeux et savourant cette sensation de chaleur. Il était comme un lézard sur sa pierre plate. Immobile. Plus aucune pensée.
Puis l'odeur de la ration alimentaire le ramena à la réalité. Une moue gagna son visage. Son ventre gargouilla. Son corps était maigre. Il était mal alimenté. Il avait besoin d'énergie. Mais Velhelm regardait sa ration alimentaire comme si cette dernière était un monstre empoisonné qui allait lui sauter au cou et se repaitre de son hémoglobine.
Il se rendit alors compte qu'une femme était assise à côté de lui. Combien de temps avait-il fermé les yeux, savourant les rayons solaires ?
« Bonjour. »
La voix était faible. Velhelm Peikko ne parlait pas beaucoup dernièrement. Il n'avait pas grande quantité de viandes pour expérimenter son pouvoir de cuisine magique.
« Si vous voulez, je peux vous offrir ma ration. Je n'ai pas faim. »
Velhelm allait mal. Lui qui n'était pas quelqu'un de social prenait l'initiative de parler à une inconnue. Une belle femme qui plus est. Son corps envoyait une quantité de signaux rouge d'alerte, mais il faisait tout pour se débarrasser de sa ration alimentaire.
Velhelm Peikko était malade... Il fuyait son passager noir...
Velhelm marchait d'un pas lent dans la ville. Il se dirigeait vers le poste de ravitaillement sans envie. Si seulement il pouvait être comme une plante. Se nourrissant seulement de ce que le soleil offrait. Si seulement il n'y avait pas la viande...
La file d'attente était déjà conséquente. C'était une bonne chose. Ça retarderait le moment où il pourrait récupérer sa ration alimentaire. Les mains dans les poches, la tête fixant le sol, Velhelm se demanda une nouvelle fois quelle était le but de cette blague cosmique. Pourquoi l'enlever de son monde natal et l'amener ici ? N'avait-il pas souffert assez ?
« Bonjour monsieur. Voilà votre ration. »
« (silence...) »
« Monsieur ? Est-ce que ça va ? »
« Pardon ? Oui, oui. Merci beaucoup. Au revoir. »
Velhelm alla s'asseoir sur un banc. Un rayon de soleil le réchauffait et l'homme au visage émacié leva la tête, fermant les yeux et savourant cette sensation de chaleur. Il était comme un lézard sur sa pierre plate. Immobile. Plus aucune pensée.
Puis l'odeur de la ration alimentaire le ramena à la réalité. Une moue gagna son visage. Son ventre gargouilla. Son corps était maigre. Il était mal alimenté. Il avait besoin d'énergie. Mais Velhelm regardait sa ration alimentaire comme si cette dernière était un monstre empoisonné qui allait lui sauter au cou et se repaitre de son hémoglobine.
Il se rendit alors compte qu'une femme était assise à côté de lui. Combien de temps avait-il fermé les yeux, savourant les rayons solaires ?
« Bonjour. »
La voix était faible. Velhelm Peikko ne parlait pas beaucoup dernièrement. Il n'avait pas grande quantité de viandes pour expérimenter son pouvoir de cuisine magique.
« Si vous voulez, je peux vous offrir ma ration. Je n'ai pas faim. »
Velhelm allait mal. Lui qui n'était pas quelqu'un de social prenait l'initiative de parler à une inconnue. Une belle femme qui plus est. Son corps envoyait une quantité de signaux rouge d'alerte, mais il faisait tout pour se débarrasser de sa ration alimentaire.
Velhelm Peikko était malade... Il fuyait son passager noir...
- Velhelm PeikkoGénéralDétailsHRP
Re: Deux perturbés
Je n’arrivais pas à me défaire de mon passé, je le portais sur moi. Je pensais à mes proches à chaque instant. Je m’entrainais à me remémorer le plus de détails possible pour ne jamais les oublier. Je tentais vainement de recenser tous mes souvenirs, de retrouver le plus vieux. Je me revoyais, voler dans les bras de mon père alors que je n’étais pas plus haute que trois pommes, sans parvenir à me rappeler s’il s’agissait vraiment d’une réminiscence ou d’une histoire racontée. Je me revoyais à l’école primaire avec Gretchen, dans la maison familiale avec mes cousins et amis. Moi qui avais toujours été très entourée, je me retrouvais tellement seule à présent.
Tous ces moments gravés dans ma mémoire, les bons et même les mauvais, tout l’amour qu’ils m’avaient donné me tenaient chaud. De ces souvenirs, je m’en étais fait une cape, sertie de pierres. Une chape de plomb qui m’empêchait de prendre mon envol dans ce nouveau monde.
Ce jour-là, j’étais allée chercher ma ration alimentaire. Dans la file d’attente, je repensais à ma cousine. À tout ce que nous avions traversé ensemble et à tout ce qu’elle allait devoir vivre sans moi. Qui serait là pour la réconforter dans les moments durs ? Pour la guider lorsqu’elle ne prend pas le bon chemin ? Gret’ était une jeune femme tellement vulnérable. Son visage d’ange et sa gentillesse attiraient toujours les mauvaises personnes. Le genre de bellâtre qui se révèle finalement parfaitement égoïste et qui finit inlassablement par lui briser le coeur. De toutes les personnes que j’avais laissées derrière moi, Gretchen était celle pour laquelle je m’inquiétais le plus.
Ma gorge se serra et je sentis que les larmes n’allaient pas tarder à jaillir. Je fermai les yeux un instant, pour refouler mon chagrin. Son visage m’apparaissait de façon tellement nette. Ses yeux bleus, son nez en trompète, ses cheveux blonds … C’était la gentillesse et la douceur incarnée. Mais aussi l’impertinence, parfois.
Mes yeux s’ouvrirent sur ces mêmes cheveux blonds. Une femme longiligne qui marchait à quelques mètres de moi. Sans réfléchir, je quittai la file d’attente et me précipitai sur ma cousine.
- Gret’ ?! … Gretchen !
C’était elle, je n’en avais pas le moindre doute, je connaissais sa démarche.
- Gret’ !, m’exclamai-je en lui attrapant l’épaule pour qu’elle se retourne.
Mais les yeux bruns qui me toisèrent n’étaient pas ceux de Gretchen. J’en fus anéantie. Au fond de moi, je savais bien qu’il était hautement improbable – non, impossible – de me retrouver nez à nez avec ma cousine. Pourrait, quelque part, j’y avais cru. L’avoir auprès de moi aurait été un baume au cœur. Avoir n’importe lequel de mes proches à mes côtés aurait été réconfortant. Avec l’un d’eux, je me serais sentie plus forte et tout cela aurait été bien moins difficile à vivre.
J’avais entendu dire qu’il arrivait, très rarement, que des personnes soient transférées avec un autre individu ou un animal. Je les haïssais pour la chance insolente qu’ils avaient. Même avoir Max à mes côtés, le bobtail de ma grand-mère, aurait été un soulagement. Mais je n’avais rien ni personne, j’étais seule et perdue.
Machinalement, mes pas me conduisirent vers un banc où je m’assis lourdement. Ma peine était immense. Je sentais ce fardeau sur mes épaules qui augmentait un peu plus à chaque instant. Comme si toute la souffrance que pouvaient ressentir mes proches pour ma disparition s’ajoutait à la mienne. J’allais m’écrouler, personne ne pouvait porter des choses aussi lourdes.
- Bonjour.
Ce mot me ramena à la réalité. Je tournai la tête, surprise de découvrir quelqu’un à mes côtés. Il avait l’air d’aller au moins aussi mal que moi. Comme si nous portions le même fardeau.
- Bonjour, répondis-je dans un souffle, incapable d’élever plus la voix.
L’allure de l’homme m’était familière. Une silhouette aussi longiligne, cela ne s’oubliait pas. Après quelques minutes de réflexions, la mémoire me revint : je l’avais brièvement croisé lors de ma première sortie. Il était parti avec le soldat à la recherche des monstres.
Je me souvenais de la sympathie qu’il m’avait inspirée. À présent, je voyais surtout sa peine et je me demandai bien ce qui pouvait ainsi l’accabler.
Il me proposa sa ration alimentaire, ce qui me fit réaliser qu’avec ma course effrénée derrière un fantôme, j’avais complètement oublié de prendre la mienne.
- Je n’ai pas très faim non plus, merci, répondis-je dans un sourire blafard, la voix cassée par le chagrin.
Ce n’était pas tout à fait vrai car malgré la répugnance que m’inspirait la nourriture locale, je sentais un gros vide au creux de mon estomac.
- Tu devrais manger, tu as l’air d’en avoir plus besoin que moi. J’ai des réserves, expliquai-je en montrant du doigt mes poignets d’amours dans un sourire qui se voulait malicieux mais qui apparut moins rayonnant que je l’aurais souhaité.
Avoir une autre âme à côté de la mienne réchauffait un peu mon cœur blessé. J’avais besoin d’être entourée, besoin de me préoccuper des autres, de leur apporter mon aide et toute l’affection dont je débordais. Sauf que j’avais trop peur de m’attacher à nouveau. Alors je refreinais ma nature profonde, je ne laissais personne entrer dans ma vie. Sauf peut-être pour un soir… Mon instinct de maman poule me criait que je devais absolument faire manger ce monsieur cadavérique.
- Ou alors, on peut inventer un jeu, parce qu’il n’y a pas beaucoup de distractions ici. On mange une bouchée chacun son tour et le premier qui vomit a perdu ? … C’est pas le jeu le plus drôle de la terre, mais je ne sais pas ce que tu en penses, toi, je trouve ça relativement immangeable ce qu’ils nous servent. Je ne sais pas avec quoi c’est fait et je crois que je préfère ne pas savoir.
En vérité, la nourriture ne m’avait jamais répugné au point de me faire vomir, même si j’y avais songé plusieurs fois. En revanche, j’avais élaboré plusieurs techniques visant à minimiser le gout. Manger en fermant les yeux et en pensant à autre chose, manger en me bouchant le nez ou en me rinçant la bouche après chaque cuillerée…
- Moi c’est Charlie et toi ?
Tous ces moments gravés dans ma mémoire, les bons et même les mauvais, tout l’amour qu’ils m’avaient donné me tenaient chaud. De ces souvenirs, je m’en étais fait une cape, sertie de pierres. Une chape de plomb qui m’empêchait de prendre mon envol dans ce nouveau monde.
Ce jour-là, j’étais allée chercher ma ration alimentaire. Dans la file d’attente, je repensais à ma cousine. À tout ce que nous avions traversé ensemble et à tout ce qu’elle allait devoir vivre sans moi. Qui serait là pour la réconforter dans les moments durs ? Pour la guider lorsqu’elle ne prend pas le bon chemin ? Gret’ était une jeune femme tellement vulnérable. Son visage d’ange et sa gentillesse attiraient toujours les mauvaises personnes. Le genre de bellâtre qui se révèle finalement parfaitement égoïste et qui finit inlassablement par lui briser le coeur. De toutes les personnes que j’avais laissées derrière moi, Gretchen était celle pour laquelle je m’inquiétais le plus.
Ma gorge se serra et je sentis que les larmes n’allaient pas tarder à jaillir. Je fermai les yeux un instant, pour refouler mon chagrin. Son visage m’apparaissait de façon tellement nette. Ses yeux bleus, son nez en trompète, ses cheveux blonds … C’était la gentillesse et la douceur incarnée. Mais aussi l’impertinence, parfois.
Mes yeux s’ouvrirent sur ces mêmes cheveux blonds. Une femme longiligne qui marchait à quelques mètres de moi. Sans réfléchir, je quittai la file d’attente et me précipitai sur ma cousine.
- Gret’ ?! … Gretchen !
C’était elle, je n’en avais pas le moindre doute, je connaissais sa démarche.
- Gret’ !, m’exclamai-je en lui attrapant l’épaule pour qu’elle se retourne.
Mais les yeux bruns qui me toisèrent n’étaient pas ceux de Gretchen. J’en fus anéantie. Au fond de moi, je savais bien qu’il était hautement improbable – non, impossible – de me retrouver nez à nez avec ma cousine. Pourrait, quelque part, j’y avais cru. L’avoir auprès de moi aurait été un baume au cœur. Avoir n’importe lequel de mes proches à mes côtés aurait été réconfortant. Avec l’un d’eux, je me serais sentie plus forte et tout cela aurait été bien moins difficile à vivre.
J’avais entendu dire qu’il arrivait, très rarement, que des personnes soient transférées avec un autre individu ou un animal. Je les haïssais pour la chance insolente qu’ils avaient. Même avoir Max à mes côtés, le bobtail de ma grand-mère, aurait été un soulagement. Mais je n’avais rien ni personne, j’étais seule et perdue.
Machinalement, mes pas me conduisirent vers un banc où je m’assis lourdement. Ma peine était immense. Je sentais ce fardeau sur mes épaules qui augmentait un peu plus à chaque instant. Comme si toute la souffrance que pouvaient ressentir mes proches pour ma disparition s’ajoutait à la mienne. J’allais m’écrouler, personne ne pouvait porter des choses aussi lourdes.
- Bonjour.
Ce mot me ramena à la réalité. Je tournai la tête, surprise de découvrir quelqu’un à mes côtés. Il avait l’air d’aller au moins aussi mal que moi. Comme si nous portions le même fardeau.
- Bonjour, répondis-je dans un souffle, incapable d’élever plus la voix.
L’allure de l’homme m’était familière. Une silhouette aussi longiligne, cela ne s’oubliait pas. Après quelques minutes de réflexions, la mémoire me revint : je l’avais brièvement croisé lors de ma première sortie. Il était parti avec le soldat à la recherche des monstres.
Je me souvenais de la sympathie qu’il m’avait inspirée. À présent, je voyais surtout sa peine et je me demandai bien ce qui pouvait ainsi l’accabler.
Il me proposa sa ration alimentaire, ce qui me fit réaliser qu’avec ma course effrénée derrière un fantôme, j’avais complètement oublié de prendre la mienne.
- Je n’ai pas très faim non plus, merci, répondis-je dans un sourire blafard, la voix cassée par le chagrin.
Ce n’était pas tout à fait vrai car malgré la répugnance que m’inspirait la nourriture locale, je sentais un gros vide au creux de mon estomac.
- Tu devrais manger, tu as l’air d’en avoir plus besoin que moi. J’ai des réserves, expliquai-je en montrant du doigt mes poignets d’amours dans un sourire qui se voulait malicieux mais qui apparut moins rayonnant que je l’aurais souhaité.
Avoir une autre âme à côté de la mienne réchauffait un peu mon cœur blessé. J’avais besoin d’être entourée, besoin de me préoccuper des autres, de leur apporter mon aide et toute l’affection dont je débordais. Sauf que j’avais trop peur de m’attacher à nouveau. Alors je refreinais ma nature profonde, je ne laissais personne entrer dans ma vie. Sauf peut-être pour un soir… Mon instinct de maman poule me criait que je devais absolument faire manger ce monsieur cadavérique.
- Ou alors, on peut inventer un jeu, parce qu’il n’y a pas beaucoup de distractions ici. On mange une bouchée chacun son tour et le premier qui vomit a perdu ? … C’est pas le jeu le plus drôle de la terre, mais je ne sais pas ce que tu en penses, toi, je trouve ça relativement immangeable ce qu’ils nous servent. Je ne sais pas avec quoi c’est fait et je crois que je préfère ne pas savoir.
En vérité, la nourriture ne m’avait jamais répugné au point de me faire vomir, même si j’y avais songé plusieurs fois. En revanche, j’avais élaboré plusieurs techniques visant à minimiser le gout. Manger en fermant les yeux et en pensant à autre chose, manger en me bouchant le nez ou en me rinçant la bouche après chaque cuillerée…
- Moi c’est Charlie et toi ?
- Charleen ImbachGénéralDétailsHRP
- Administratrice
Re: Deux perturbés
(Tu devrais manger, tu as l’air d’en avoir plus besoin que moi.) avait-elle dit. Automatiquement, les mâchoires de Velhelm s'était crispé. Il savait qu'il avait besoin de manger. Il savait qu'il avait besoin d'énergie. Mais c'était tellement dangereux ! Il aurait voulu se lever et crier au monde ! Leur faire comprendre contre quoi il devait batailler à l'intérieur mais...
(J'ai des réserves.) avait-elle ajouté avec un beau sourire. Triste, mais un sourire contre lequel les hommes sont généralement impuissants. Alors Velhelm n'avait pas crié mais était retourné dans son mutisme, observant son infâme ration alimentaire.
Velhelm écouta l'inconnue sans la regarder. Il ne savait pas trop pourquoi il lui avait parlé. Enfin si, il le savait, pour fuir, pour penser à autre chose. Mais elle l'avait ramené dans son malheur : elle lui proposait de manger. Avec elle, certes, mais de manger. Et, fondamentalement, ça ne changeait rien à son problème. Elle ne pouvait pas l'aider à avoir plus de volonté sur son « passager noir ». C'était sa bataille invisible et silencieuse...
« Velhelm. »
C'était sorti trop vite. Trop sec. Il devait ajouter autre chose.
« Velhelm Peikko. Désolé, je suis, disons un peu tendu. J'ai quelques problèmes qui me paraissent insolubles... »
Et il avait rebaissé la tête pour regarder ses pieds.
(et il y avait encore cette répugnante et dangereuse ration alimentaire sur le chemin que ses yeux empruntèrent.)
*Parle-lui ! Ca t'évitera de cogiter tout seul, crétin ! *
« En fait, et c'est ironique, je suis en quelque sorte un cuisinier dans cette ville. Ca ressemble à une blague, hein ? »
Tout comme Charlie avant lui, Velhelm esquissa un sourire qui se voulait plaisantin. Comme s'il racontait « le comble de... » d'une pauvre blague Carambar. Mais la joie n'était pas vraiment rendez-vous.
« Si tu veux, je devrais pouvoir te cuisiner un petit morceau de viandes. Si tu n'as pas peur que l'on fasse prendre. Bien sur, goûter à ma nourriture est à tes risques et périls. »
Les derniers mots avaient sonnés « étrange ». A tes risques et périls avait-il dit. Pas en parlant de se faire surprendre par la garde en train de voler de la nourriture stocké chez les Chercheurs. Mais en parlant de la nourriture en elle-même. Comme si des expériences avaient été faite dessus et que, soudainement, une bouche armée de canines pouvait se délecter de votre main...
(J'ai des réserves.) avait-elle ajouté avec un beau sourire. Triste, mais un sourire contre lequel les hommes sont généralement impuissants. Alors Velhelm n'avait pas crié mais était retourné dans son mutisme, observant son infâme ration alimentaire.
Velhelm écouta l'inconnue sans la regarder. Il ne savait pas trop pourquoi il lui avait parlé. Enfin si, il le savait, pour fuir, pour penser à autre chose. Mais elle l'avait ramené dans son malheur : elle lui proposait de manger. Avec elle, certes, mais de manger. Et, fondamentalement, ça ne changeait rien à son problème. Elle ne pouvait pas l'aider à avoir plus de volonté sur son « passager noir ». C'était sa bataille invisible et silencieuse...
« Velhelm. »
C'était sorti trop vite. Trop sec. Il devait ajouter autre chose.
« Velhelm Peikko. Désolé, je suis, disons un peu tendu. J'ai quelques problèmes qui me paraissent insolubles... »
Et il avait rebaissé la tête pour regarder ses pieds.
(et il y avait encore cette répugnante et dangereuse ration alimentaire sur le chemin que ses yeux empruntèrent.)
*Parle-lui ! Ca t'évitera de cogiter tout seul, crétin ! *
« En fait, et c'est ironique, je suis en quelque sorte un cuisinier dans cette ville. Ca ressemble à une blague, hein ? »
Tout comme Charlie avant lui, Velhelm esquissa un sourire qui se voulait plaisantin. Comme s'il racontait « le comble de... » d'une pauvre blague Carambar. Mais la joie n'était pas vraiment rendez-vous.
« Si tu veux, je devrais pouvoir te cuisiner un petit morceau de viandes. Si tu n'as pas peur que l'on fasse prendre. Bien sur, goûter à ma nourriture est à tes risques et périls. »
Les derniers mots avaient sonnés « étrange ». A tes risques et périls avait-il dit. Pas en parlant de se faire surprendre par la garde en train de voler de la nourriture stocké chez les Chercheurs. Mais en parlant de la nourriture en elle-même. Comme si des expériences avaient été faite dessus et que, soudainement, une bouche armée de canines pouvait se délecter de votre main...
- Velhelm PeikkoGénéralDétailsHRP
Re: Deux perturbés
Lorsque la vie me semblait trop lourde, il m’arrivait de m’échapper dans le monde merveilleux des dessins animés de mon enfance. Je devenais Cendrillon, en astiquant les couloirs de l’hôpital. Ou Belle, lorsque je me mettais à faire la conversation au balai-brosse. Durant certains moments d’ennui, j’observais mes collèges et les imaginais en personnage Disney. Sajni était la Fée Bleue, bienveillante et attentionnée. Daniel, le Génie, pour sa capacité à faire apparaitre toutes sortes d’objets. Le chef de pôle, le docteur Amadou Gentil, pour son franc-parler et sa jovialité.
M’imaginer avec tous ces personnages hauts en couleurs, dans un scénario à la Once Upon A Time – dont je ne connaîtrai malheureusement jamais la fin – rendait les choses un peux moins difficiles. J’avais à peu près conscience que cette lubie était particulièrement idiote, mais si cela m’apaisait, pourquoi m’en priver ? Alors je poursuivais sur ma lancée, attribuant à l’homme filiforme à côté de moi le rôle de Jack Skellington, dans l’étrange Noel de Mr Jack. Pas seulement parce qu’il avait une apparence de squelette, mais aussi pour l’allure inquiétante qu’il pouvait avoir au premier regard alors qu’il s’agissait sans nul doute d’un garçon sensible et profondément gentil. Certes, je ne le connaissais pas du tout, mais je le sentais comme ça, cela ne s’expliquait pas.
Ma proposition ne sembla pas l’amuser. Je ne lui avais même pas décroché un tressaillement des zygomatiques, bien au contraire. La tête baissée sur sa ration alimentaire, il semblait plus malheureux que jamais. Comme s’il avait à porter tout le malheur du monde sur ses frêles épaules ; comme s’il avait endossé ma peine en plus de la sienne.
Je craignais d'avoir dit quelque chose qui ne fallait pas sans parvenir à identifier quoi. Je m'attendais presque à ce qu'il parte sans un mot, vexé par mon indélicatesse. Il n’en fut rien.
Contre toute attente, il se présenta à son tour : Velhelm. Je me demandai bien de quelle origine cela pouvait être, c’était un nom que je n’avais jamais entendu.
Il s'excusa pour son manque d'enthousiasme, accusant des problèmes personnels. Je le regardai avec compassion sans savoir s'il avait abordé le sujet pour que je l'invite à se confier. Parler aidait à libérer l’esprit, à voir ses problèmes avec plus de netteté et de distance pour arriver à les combattre. Mais j’avais peur de faire à nouveau preuve de maladresse. D’autant plus que je ne savais pas ce qui avait à ce point accablé le garçon la première fois.
Un silence gêné s'était installé et c'est Velhelm qui le brisa en confiant qu'il était un genre de cuisiner. Je me demandai ce qu'il entendait par là et le regardai les yeux interrogateurs. Il poursuit donc en me proposant un petit plat rien que pour moi.
- De la viande !?, répétai-je les yeux écarquillés, je n'en ai pas mangé depuis mon transfert ! Je ne savais même pas qu'il y en avait.
J'en avais l'eau à la bouche rien que d'y penser. Et puis, quoi de mieux pour reprendre gout à la vie qu’un bon repas ?!
Je ne comprenais pas pourquoi je n’avais jamais vu de viande auparavant. Ce mets était-il réservé aux survivants importants de la cité ? Si c'était le cas, j'avais beaucoup de chance d'être tombé sur ce cuisiné.
- Tu travailles dans l'artisanat ?, questionnai-je curieuse, C'est eux qui préparent la nourriture c'est ça ? On risque quoi à aller voler dans les réserves ?
Si c'était un petit séjour en prison, j'étais prête à prendre le risque. Mais si les gens d’ici étaient plutôt du genre «lapidation sur la place publique», j'allais peut-être y réfléchir à deux fois. Je ne savais rien sur la justice locale, s'il y en avait une.
M’imaginer avec tous ces personnages hauts en couleurs, dans un scénario à la Once Upon A Time – dont je ne connaîtrai malheureusement jamais la fin – rendait les choses un peux moins difficiles. J’avais à peu près conscience que cette lubie était particulièrement idiote, mais si cela m’apaisait, pourquoi m’en priver ? Alors je poursuivais sur ma lancée, attribuant à l’homme filiforme à côté de moi le rôle de Jack Skellington, dans l’étrange Noel de Mr Jack. Pas seulement parce qu’il avait une apparence de squelette, mais aussi pour l’allure inquiétante qu’il pouvait avoir au premier regard alors qu’il s’agissait sans nul doute d’un garçon sensible et profondément gentil. Certes, je ne le connaissais pas du tout, mais je le sentais comme ça, cela ne s’expliquait pas.
Ma proposition ne sembla pas l’amuser. Je ne lui avais même pas décroché un tressaillement des zygomatiques, bien au contraire. La tête baissée sur sa ration alimentaire, il semblait plus malheureux que jamais. Comme s’il avait à porter tout le malheur du monde sur ses frêles épaules ; comme s’il avait endossé ma peine en plus de la sienne.
Je craignais d'avoir dit quelque chose qui ne fallait pas sans parvenir à identifier quoi. Je m'attendais presque à ce qu'il parte sans un mot, vexé par mon indélicatesse. Il n’en fut rien.
Contre toute attente, il se présenta à son tour : Velhelm. Je me demandai bien de quelle origine cela pouvait être, c’était un nom que je n’avais jamais entendu.
Il s'excusa pour son manque d'enthousiasme, accusant des problèmes personnels. Je le regardai avec compassion sans savoir s'il avait abordé le sujet pour que je l'invite à se confier. Parler aidait à libérer l’esprit, à voir ses problèmes avec plus de netteté et de distance pour arriver à les combattre. Mais j’avais peur de faire à nouveau preuve de maladresse. D’autant plus que je ne savais pas ce qui avait à ce point accablé le garçon la première fois.
Un silence gêné s'était installé et c'est Velhelm qui le brisa en confiant qu'il était un genre de cuisiner. Je me demandai ce qu'il entendait par là et le regardai les yeux interrogateurs. Il poursuit donc en me proposant un petit plat rien que pour moi.
- De la viande !?, répétai-je les yeux écarquillés, je n'en ai pas mangé depuis mon transfert ! Je ne savais même pas qu'il y en avait.
J'en avais l'eau à la bouche rien que d'y penser. Et puis, quoi de mieux pour reprendre gout à la vie qu’un bon repas ?!
Je ne comprenais pas pourquoi je n’avais jamais vu de viande auparavant. Ce mets était-il réservé aux survivants importants de la cité ? Si c'était le cas, j'avais beaucoup de chance d'être tombé sur ce cuisiné.
- Tu travailles dans l'artisanat ?, questionnai-je curieuse, C'est eux qui préparent la nourriture c'est ça ? On risque quoi à aller voler dans les réserves ?
Si c'était un petit séjour en prison, j'étais prête à prendre le risque. Mais si les gens d’ici étaient plutôt du genre «lapidation sur la place publique», j'allais peut-être y réfléchir à deux fois. Je ne savais rien sur la justice locale, s'il y en avait une.
- Charleen ImbachGénéralDétailsHRP
- Administratrice
Re: Deux perturbés
La conversation était engagée. Désormais, la « timidité » de Velhelm n'était plus. Les mots sortaient tous seuls, éloignant de son esprit le seul sujet de son ventre affamé.
« Je travaille dans la Recherche. J'ai- »
Le doute gagna son esprit. Etait-il sage de dévoiler son pouvoir en même temps que son identité ? Dans un comics de l'autre monde, les super-héros ne le faisaient jamais. Il en allait de la vie et de la survie de leur famille. Mais sur ce monde, il n'avait personne.
« J'ai ce pouvoir en moi qui me permet de cuisiner les créatures de ce monde et, disons, d'en transférer les pouvoirs et/ou compétences dans celui qui les ingère. »
Une idée commençait à germer dans l'esprit du chercheur. Ses yeux se plissèrent. Son index tapota son menton. C'était une idée qui pouvait fonctionner, surtout qu'elle semblait être une nouvelle native de ce monde.
« Ca va te paraître probablement très direct mais je ne sais pas vraiment mettre des formes à mes pensées. Donc- »
Ses yeux se fixèrent dans ceux de Charleen. Son visage avait beau être émacié. Sa personnalité avait beau être terne depuis le début de leur rencontre. A cet instant, Velhelm déployait une volonté forte. On pouvait imaginer le charisme qu'il pourrait acquérir s'il prenait plus soin de lui et qu'il prenait quelques galons dans la hiérarchie du Secteur de la Recherche.
« Est-ce que tu voudrais travailler avec moi ? »
Puis cette volonté, ce charisme possible s'évanouit. Malgré son âge, malgré ses plusieurs mariages défectueux, Velhelm perd de sa prestance. Il se dit qu'il a été trop direct. Il se dit qu'il va se retrouver tout seul sur ce banc, tout seul avec sa ration alimentaire. Tout seul avec son démon noir...
« Je veux dire, tu pourrais être mon assistante. Sauf si tu as déjà un travail bien sur, hein. Je t'ai pas demandé, qu'est-ce que tu fais ici ? Tu as un pouvoir ? »
Un flot de questions. Et en même temps, Velhelm passait en revue les possibilités dans sa tête. Il marchait dans les couloirs et les pièces d'où il travaillait, essayant de revoir ce qui restait en cadavres. Ce qui était exploitable. Il y avait peut-être cet Hexargus qui avait été ramené il y a peu. Peut-être la viande serait-elle encore apte à être cuisiner ?
« Je travaille dans la Recherche. J'ai- »
Le doute gagna son esprit. Etait-il sage de dévoiler son pouvoir en même temps que son identité ? Dans un comics de l'autre monde, les super-héros ne le faisaient jamais. Il en allait de la vie et de la survie de leur famille. Mais sur ce monde, il n'avait personne.
« J'ai ce pouvoir en moi qui me permet de cuisiner les créatures de ce monde et, disons, d'en transférer les pouvoirs et/ou compétences dans celui qui les ingère. »
Une idée commençait à germer dans l'esprit du chercheur. Ses yeux se plissèrent. Son index tapota son menton. C'était une idée qui pouvait fonctionner, surtout qu'elle semblait être une nouvelle native de ce monde.
« Ca va te paraître probablement très direct mais je ne sais pas vraiment mettre des formes à mes pensées. Donc- »
Ses yeux se fixèrent dans ceux de Charleen. Son visage avait beau être émacié. Sa personnalité avait beau être terne depuis le début de leur rencontre. A cet instant, Velhelm déployait une volonté forte. On pouvait imaginer le charisme qu'il pourrait acquérir s'il prenait plus soin de lui et qu'il prenait quelques galons dans la hiérarchie du Secteur de la Recherche.
« Est-ce que tu voudrais travailler avec moi ? »
Puis cette volonté, ce charisme possible s'évanouit. Malgré son âge, malgré ses plusieurs mariages défectueux, Velhelm perd de sa prestance. Il se dit qu'il a été trop direct. Il se dit qu'il va se retrouver tout seul sur ce banc, tout seul avec sa ration alimentaire. Tout seul avec son démon noir...
« Je veux dire, tu pourrais être mon assistante. Sauf si tu as déjà un travail bien sur, hein. Je t'ai pas demandé, qu'est-ce que tu fais ici ? Tu as un pouvoir ? »
Un flot de questions. Et en même temps, Velhelm passait en revue les possibilités dans sa tête. Il marchait dans les couloirs et les pièces d'où il travaillait, essayant de revoir ce qui restait en cadavres. Ce qui était exploitable. Il y avait peut-être cet Hexargus qui avait été ramené il y a peu. Peut-être la viande serait-elle encore apte à être cuisiner ?
- Velhelm PeikkoGénéralDétailsHRP
Re: Deux perturbés
Je fus impressionnée par le pouvoir de Velhelm. Je n’avais pas vraiment idée des capacités que possédaient les créatures de ce monde mais, s’ils étaient moitié aussi bien que ceux de certains survivants, cela devait valoir le coup d’essayer.
Mes yeux pétillaient d’intérêt et mes lèvres s’étaient retroussées dans un sourire franc. Je devais avoir la tête d’une enfant à qui l’on vient de promettre un tour de magie.
- J’adorerais gouter ta cuisine !, répondis-je avec un enthousiasme non dissimulé.
Mes pouvoirs ne s’étant pas encore manifestés je ne savais pas quelles sensations en découlaient. J’imaginais cela comme dans les fictions terriennes, lorsque les personnages sentent la magie couler dans leurs veines ou des picotements dans leurs doigts. C’était un peu un rêve de petite fille, d’avoir des pouvoirs. Qui n’y avait jamais pensé ?
A mon arrivée dans ce nouveau monde, j’avais été bien trop dévastée par la perte de mes proches pour me réjouir d’un potentiel magique. Maintenant, alors que je résidais ici depuis plusieurs semaines, j’étais déçue de n’avoir perçu en moi aucun dont. Je commençais à vivre cette absence de pouvoirs comme une tare. Il semblait que tout le monde avait de la magie en soi, mais moi je ne sentais rien de rien. Etais-je malade ?
Velhelm m’arracha à mes doutes avec une proposition pour le moins inattendue. Il me soumit l’idée que je puisse travailler avec lui sur ses recherches. Je le regardai perplexe en me demandant ce qu’il avait pu voire en moi pour croire que j’étais capable d’apporter une expertise pertinente. Avant aujourd’hui, je n’avais jamais eu l’impression d’avoir le charisme d’une brillante universitaire. Le doute du se voir dans mes yeux car il exprima un peu mieux le fond de sa pensée en me proposant un rôle d’assistante. Je n’avais aucune connaissance particulière en matière de biologie mais je supposais que l’assistante se contentait de suivre les directives, ce qui rentrait finalement dans mes cordes. J’estimais, non sans modestie, que j’avais été parfaite dans mon rôle d’assistante auprès de Cruella d’Enfer.
- Je travaille à l’hôpital, répondis-je. Je fais le ménage. Rien de très glorieux, mais cela me convenait bien mieux que l’accueil des nouveaux transférés. Je n’ai pas de pouvoirs … Enfin, il paraît que tout le monde en a mais je n’ai pas encore découvert le mien, avouais-je penaude. Je ne sais pas si je pourrais t’être très utile, poursuivais-je après une courte pause. Je n’ai pas franchement de connaissances sur les animaux ou quoi que ce soit d’autre en recherche. Je ne sais même pas ce que vous pouvez faire, dans ce secteur.
Mon inutilité m’accablait un peu. N’être bonne qu’à faire le ménage et à me terrer dès qu’un monstre pointait le bout de son nez n’était vraiment pas glorifiant. J’en éprouvais presque une honte. Cela n’arrangeait rien à la déprime tenace qui me paralysait depuis mon arrivée. Deux thèses s’affrontaient en mon for intérieur. La première désirait uniquement revoir mes proches car la vie ne valait pas le coup d’être vécue sans eux. L’autre – je soupçonnais qu’il s’agisse là de mon instinct de survie – me poussait à me lancer corps et âme dans l’aventure que me proposait Velhelm. Je repris donc la parole, suivant l’instinct le plus fort :
- Mais j’ai un peu de temps en dehors de mon travail, si tu pense que je peux aider. Je n’ai pas de euh … hobbies ni personne, ici. Je dois avouer que c’est un peu ennuyant à la longue de ne rien faire d’autre que regarder par la fenêtre …
Ennuyant voire carrément déprimant. Tout mon temps libre, je le passais à repenser à ma vie d’avant, à ceux que je portais dans mon cœur. Je savais que je ne pourrais jamais tourner la page si je me laissais ainsi aller. Je n’étais pas sure d’avoir totalement envie de tourner ma page. Mais j’étais quand même prête à essayer. Histoire de voir, juste au cas où …
Mes yeux pétillaient d’intérêt et mes lèvres s’étaient retroussées dans un sourire franc. Je devais avoir la tête d’une enfant à qui l’on vient de promettre un tour de magie.
- J’adorerais gouter ta cuisine !, répondis-je avec un enthousiasme non dissimulé.
Mes pouvoirs ne s’étant pas encore manifestés je ne savais pas quelles sensations en découlaient. J’imaginais cela comme dans les fictions terriennes, lorsque les personnages sentent la magie couler dans leurs veines ou des picotements dans leurs doigts. C’était un peu un rêve de petite fille, d’avoir des pouvoirs. Qui n’y avait jamais pensé ?
A mon arrivée dans ce nouveau monde, j’avais été bien trop dévastée par la perte de mes proches pour me réjouir d’un potentiel magique. Maintenant, alors que je résidais ici depuis plusieurs semaines, j’étais déçue de n’avoir perçu en moi aucun dont. Je commençais à vivre cette absence de pouvoirs comme une tare. Il semblait que tout le monde avait de la magie en soi, mais moi je ne sentais rien de rien. Etais-je malade ?
Velhelm m’arracha à mes doutes avec une proposition pour le moins inattendue. Il me soumit l’idée que je puisse travailler avec lui sur ses recherches. Je le regardai perplexe en me demandant ce qu’il avait pu voire en moi pour croire que j’étais capable d’apporter une expertise pertinente. Avant aujourd’hui, je n’avais jamais eu l’impression d’avoir le charisme d’une brillante universitaire. Le doute du se voir dans mes yeux car il exprima un peu mieux le fond de sa pensée en me proposant un rôle d’assistante. Je n’avais aucune connaissance particulière en matière de biologie mais je supposais que l’assistante se contentait de suivre les directives, ce qui rentrait finalement dans mes cordes. J’estimais, non sans modestie, que j’avais été parfaite dans mon rôle d’assistante auprès de Cruella d’Enfer.
- Je travaille à l’hôpital, répondis-je. Je fais le ménage. Rien de très glorieux, mais cela me convenait bien mieux que l’accueil des nouveaux transférés. Je n’ai pas de pouvoirs … Enfin, il paraît que tout le monde en a mais je n’ai pas encore découvert le mien, avouais-je penaude. Je ne sais pas si je pourrais t’être très utile, poursuivais-je après une courte pause. Je n’ai pas franchement de connaissances sur les animaux ou quoi que ce soit d’autre en recherche. Je ne sais même pas ce que vous pouvez faire, dans ce secteur.
Mon inutilité m’accablait un peu. N’être bonne qu’à faire le ménage et à me terrer dès qu’un monstre pointait le bout de son nez n’était vraiment pas glorifiant. J’en éprouvais presque une honte. Cela n’arrangeait rien à la déprime tenace qui me paralysait depuis mon arrivée. Deux thèses s’affrontaient en mon for intérieur. La première désirait uniquement revoir mes proches car la vie ne valait pas le coup d’être vécue sans eux. L’autre – je soupçonnais qu’il s’agisse là de mon instinct de survie – me poussait à me lancer corps et âme dans l’aventure que me proposait Velhelm. Je repris donc la parole, suivant l’instinct le plus fort :
- Mais j’ai un peu de temps en dehors de mon travail, si tu pense que je peux aider. Je n’ai pas de euh … hobbies ni personne, ici. Je dois avouer que c’est un peu ennuyant à la longue de ne rien faire d’autre que regarder par la fenêtre …
Ennuyant voire carrément déprimant. Tout mon temps libre, je le passais à repenser à ma vie d’avant, à ceux que je portais dans mon cœur. Je savais que je ne pourrais jamais tourner la page si je me laissais ainsi aller. Je n’étais pas sure d’avoir totalement envie de tourner ma page. Mais j’étais quand même prête à essayer. Histoire de voir, juste au cas où …
- Charleen ImbachGénéralDétailsHRP
- Administratrice
Re: Deux perturbés
Incroyable ! La proposition l'enchantait. Ce sourire si innocent en était la preuve directe. C'était un sentiment si magnifique et si pur que Velhelm baissa les yeux, gêné sans pouvoir mettre une explication dessus.
Et le summum était arrivé juste après. Elle avait accepté de travailler avec lui. Une proposition qui lui avait fait sans trop réfléchir au final. Est-ce qu'il avait au moins du travail à lui donner alors que lui s'ennuyait parfois des journées entières ?
Velhelm avait alors amorcé un rapprochement de son visage pour lui déposer un bisou sur la joue. Se rendant compte de son action, il en changea presque tout de suite pour lui proposer un serrement de main. Une façon de signer le contrat entre eux deux.
« Tu sais, moi non plus je ne suis pas vraiment taillé pour ce travail à la Recherche. J'en apprends tous les jours. Enfin, quand il y a du travail. »
Il fallait dire que les expéditions n'étaient pas journalières. Les risques et les pertes conséquentes étaient trop énormes. Il était hors de question de risquer la vie de guerriers pour qu'une espèce d'anorexique fasse quelque recherche à propos de recettes magiques.
« Ce que je veux dire, c'est que je peux travailler uniquement avec les créatures de ce monde. Il n'y a pas d'élevage de créatures surpuissantes. Sans compter que les stocks de viande sont durement surveillés. Bref, on ne peut pas dire que je fasse des semaines de quarante-cinq heures terriennes. »
Pourtant, il y avait des choses à faire. Dans la pièce qu'on avait donné à Velhelm, « son bureau », il y avait des notes entassés ça et là sans trop de méthodologie. Il n'avait jamais trouvé le courage de tout classer. En fait, il n'avait jamais trouvé de fil conducteur. Trop de questions et pas assez d'informations factuelles à classer.
« Je pensais à quelque chose. Quand je ne peux pas faire d'expérience magique, je marche dans la ville à la recherche de gens ayant rencontré des créatures. Principalement des guerriers en fait. Je parle avec eux et je prends des notes. Mais ça ne réussit pas très bien. D'une part parce que je suis pas quelqu'un de très sociable. Parler n'est pas trop mon truc, tu vois ? Et puis, quand je trouve quelqu'un qui a quelque chose à dire, il s'avère que prendre des notes, leur demander de faire une pause ou de répéter un passage les énerve assez vite. »
Avec un peu de chance, les gens parleraient plus facilement avec une belle femme plutôt qu'un homme aux traits émaciés. C'était un peu sexiste mais c'était la loi des choses. Sans compter que Charleen travaillait à l'hôpital. C'était un endroit stratégique pour interroger les blessés qui revenaient du champ de bataille. Velhelm avait essayé plusieurs fois de les interroger à leur chevet. Mais sa présence cadavérique avait mis à rude épreuve la patience des infirmières.
« Peut-être pourrais-tu parler avec les gens à l'hôpital ? On en discuterait alors dans mon bureau ? »
Et le summum était arrivé juste après. Elle avait accepté de travailler avec lui. Une proposition qui lui avait fait sans trop réfléchir au final. Est-ce qu'il avait au moins du travail à lui donner alors que lui s'ennuyait parfois des journées entières ?
Velhelm avait alors amorcé un rapprochement de son visage pour lui déposer un bisou sur la joue. Se rendant compte de son action, il en changea presque tout de suite pour lui proposer un serrement de main. Une façon de signer le contrat entre eux deux.
« Tu sais, moi non plus je ne suis pas vraiment taillé pour ce travail à la Recherche. J'en apprends tous les jours. Enfin, quand il y a du travail. »
Il fallait dire que les expéditions n'étaient pas journalières. Les risques et les pertes conséquentes étaient trop énormes. Il était hors de question de risquer la vie de guerriers pour qu'une espèce d'anorexique fasse quelque recherche à propos de recettes magiques.
« Ce que je veux dire, c'est que je peux travailler uniquement avec les créatures de ce monde. Il n'y a pas d'élevage de créatures surpuissantes. Sans compter que les stocks de viande sont durement surveillés. Bref, on ne peut pas dire que je fasse des semaines de quarante-cinq heures terriennes. »
Pourtant, il y avait des choses à faire. Dans la pièce qu'on avait donné à Velhelm, « son bureau », il y avait des notes entassés ça et là sans trop de méthodologie. Il n'avait jamais trouvé le courage de tout classer. En fait, il n'avait jamais trouvé de fil conducteur. Trop de questions et pas assez d'informations factuelles à classer.
« Je pensais à quelque chose. Quand je ne peux pas faire d'expérience magique, je marche dans la ville à la recherche de gens ayant rencontré des créatures. Principalement des guerriers en fait. Je parle avec eux et je prends des notes. Mais ça ne réussit pas très bien. D'une part parce que je suis pas quelqu'un de très sociable. Parler n'est pas trop mon truc, tu vois ? Et puis, quand je trouve quelqu'un qui a quelque chose à dire, il s'avère que prendre des notes, leur demander de faire une pause ou de répéter un passage les énerve assez vite. »
Avec un peu de chance, les gens parleraient plus facilement avec une belle femme plutôt qu'un homme aux traits émaciés. C'était un peu sexiste mais c'était la loi des choses. Sans compter que Charleen travaillait à l'hôpital. C'était un endroit stratégique pour interroger les blessés qui revenaient du champ de bataille. Velhelm avait essayé plusieurs fois de les interroger à leur chevet. Mais sa présence cadavérique avait mis à rude épreuve la patience des infirmières.
« Peut-être pourrais-tu parler avec les gens à l'hôpital ? On en discuterait alors dans mon bureau ? »
- Velhelm PeikkoGénéralDétailsHRP
Re: Deux perturbés
Notre collaboration fut scellée par une poignée de main. J’y joignai un sourire timide mais optimiste, heureuse de cette nouvelle perspective.
Velhelm apaisa mes doutes en confiant que lui non plus ne savait pas toujours comment s’y prendre dans son travail de chercheur. Je supposais que peut-être, comme moi, il s’était retrouvé dans un métier qu’il n’avait pas étudié et sur lequel il n’avait jamais été formé. Ça ne s’improvisait probablement pas d’être chercheur. Pas plus que d’être médecin. Lorsque l’on m’avait annoncé mon affection au secteur de la santé, j’avais cru à une erreur.
Velhelm me fit part du manque de matières premières pour ses recherches. Il m’expliqua que lorsqu’il ne faisait pas d’expériences, il allait enquêter dans la rue pour récolter un maximum d’informations sur les créatures de ce monde. Il me confia ses difficultés à établir un bon contact. C’est à ce moment que je vis ce que je pouvais lui apporter. Les relations humaines, ça, c’était mon truc. Enfin, depuis mon arrivée, ce talent ne m’avait pas servi. Je n’avais établi aucun lien, mais c’était surtout parce que je n’avais pas cherché à en avoir. Toutefois il n’y avait pas de raison que j’ai perdu cette faculté.
J’acquiesçais régulièrement pour lui montrer que je suivais ce qu’il m’expliquait. Pour finir, il me demanda si je pouvais enquêter de mon côté, à l’hôpital. Je compris immédiatement l’intérêt d’interroger les blessés mais cela m’effraya un peu. Je n’étais pas très à l’aise dans mon travail là-bas. J’avais échoué à deux postes, dont le premier où je devais justement soigner les blessés. Le fait était que je ne supportais pas la vue des gros bobos. Je n’avais donc plus vraiment de légitimité pour retourner dans ce service. Mais Velhelm comptait sur moi alors je me devais de trouver une solution. Si je ne pouvais pas les soigner, je pouvais me proposer pour leur apporter du réconfort, de la compagnie. Cet hôpital était aussi lugubre, voir plus, que ceux présents sur terre. On s’y sentait toujours seul et abandonné. Il n’y avait dans ces lieux que la souffrance, la mort et l’ennui. Peut-être pourrais-je me proposer pour les distraire et discrètement récolter des informations. Restait à savoir si je supporterais d’avoir tous ces détails. Depuis l’attaque, j’avais une peur incontrôlable de toutes les créatures locales. Elles m’apparaissaient comme des monstres assoiffés de sang et en connaitre les détails augmenterait probablement mon effroi.
J’avais peur de m’être engagée dans un projet que je ne pourrais pas suivre. Mais je me devais d’essayer. J’espérais sincèrement ne pas avoir à décevoir une autre personne ici. Même si les deux chefs de pôle que j’avais rencontrés ne semblaient pas trop me tenir rigueur de mes échecs.
- D’accord, j’essaierai d’avoir des informations, répondis-je en tentant de me convaincre que je ne faillirai pas à cette tache.
En attendant, j’avais besoin d’une source de motivation. J’ajoutais donc avec un sourire espiègle :
- Et du coup, cette entrecôte ?...
Il me l’avait proposé, je la voulais !
- C’est par où, le restaurant cinq étoles ?
Je me levai et regardai à gauche puis à droite comme si j’allais apercevoir l’enseigne d’un prestigieux établissement. Cela faisait longtemps que je n’avais pas été autant enthousiaste. Je ne me souvenais même plus que je pouvais l’être. J’étais prête à attraper Velhelm par la main et à le tirer de force.
Velhelm apaisa mes doutes en confiant que lui non plus ne savait pas toujours comment s’y prendre dans son travail de chercheur. Je supposais que peut-être, comme moi, il s’était retrouvé dans un métier qu’il n’avait pas étudié et sur lequel il n’avait jamais été formé. Ça ne s’improvisait probablement pas d’être chercheur. Pas plus que d’être médecin. Lorsque l’on m’avait annoncé mon affection au secteur de la santé, j’avais cru à une erreur.
Velhelm me fit part du manque de matières premières pour ses recherches. Il m’expliqua que lorsqu’il ne faisait pas d’expériences, il allait enquêter dans la rue pour récolter un maximum d’informations sur les créatures de ce monde. Il me confia ses difficultés à établir un bon contact. C’est à ce moment que je vis ce que je pouvais lui apporter. Les relations humaines, ça, c’était mon truc. Enfin, depuis mon arrivée, ce talent ne m’avait pas servi. Je n’avais établi aucun lien, mais c’était surtout parce que je n’avais pas cherché à en avoir. Toutefois il n’y avait pas de raison que j’ai perdu cette faculté.
J’acquiesçais régulièrement pour lui montrer que je suivais ce qu’il m’expliquait. Pour finir, il me demanda si je pouvais enquêter de mon côté, à l’hôpital. Je compris immédiatement l’intérêt d’interroger les blessés mais cela m’effraya un peu. Je n’étais pas très à l’aise dans mon travail là-bas. J’avais échoué à deux postes, dont le premier où je devais justement soigner les blessés. Le fait était que je ne supportais pas la vue des gros bobos. Je n’avais donc plus vraiment de légitimité pour retourner dans ce service. Mais Velhelm comptait sur moi alors je me devais de trouver une solution. Si je ne pouvais pas les soigner, je pouvais me proposer pour leur apporter du réconfort, de la compagnie. Cet hôpital était aussi lugubre, voir plus, que ceux présents sur terre. On s’y sentait toujours seul et abandonné. Il n’y avait dans ces lieux que la souffrance, la mort et l’ennui. Peut-être pourrais-je me proposer pour les distraire et discrètement récolter des informations. Restait à savoir si je supporterais d’avoir tous ces détails. Depuis l’attaque, j’avais une peur incontrôlable de toutes les créatures locales. Elles m’apparaissaient comme des monstres assoiffés de sang et en connaitre les détails augmenterait probablement mon effroi.
J’avais peur de m’être engagée dans un projet que je ne pourrais pas suivre. Mais je me devais d’essayer. J’espérais sincèrement ne pas avoir à décevoir une autre personne ici. Même si les deux chefs de pôle que j’avais rencontrés ne semblaient pas trop me tenir rigueur de mes échecs.
- D’accord, j’essaierai d’avoir des informations, répondis-je en tentant de me convaincre que je ne faillirai pas à cette tache.
En attendant, j’avais besoin d’une source de motivation. J’ajoutais donc avec un sourire espiègle :
- Et du coup, cette entrecôte ?...
Il me l’avait proposé, je la voulais !
- C’est par où, le restaurant cinq étoles ?
Je me levai et regardai à gauche puis à droite comme si j’allais apercevoir l’enseigne d’un prestigieux établissement. Cela faisait longtemps que je n’avais pas été autant enthousiaste. Je ne me souvenais même plus que je pouvais l’être. J’étais prête à attraper Velhelm par la main et à le tirer de force.
[Suite du RP, par ICI]
- Charleen ImbachGénéralDétailsHRP
- Administratrice
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