Couloirs de l'hôpital
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Couloirs de l'hôpital
N'imaginez pas des couloirs d'un blanc immaculé. Des pierres brutes, du bois et du métal, voilà ce qui compose l'établissement. Les couloirs ne sont donc que peu accueillant ou rassurants. Sur les deux étages de l'hôpital, tout n'a pas été rénové par manque de ressources, mais quelques "dortoirs" ont été aménagés, servant de chambres communes aux blessés nécessitant un suivi par les membres du secteur de la Santé.
Des petits écriteaux fléchés sont donc les seules décorations visibles, indiquant le Centre de soins au deuxième étage, les salles "A" et "B" au premier et la "C" au rez de chaussée. Quelques autres salles sont utilisées pour le personnel de l'hôpital, pour le stockage du peu de matériel, pour les réunions, pour que les membres de la Santé puissent se reposer s'ils sont de garde, etc.
À l'entrée de ce simple réseau se trouve bien évidemment le hall d'accueil du rez-de-chaussée, auquel il vaut mieux demander de l'aide plutôt que d'errer dans les couloirs.
Des petits écriteaux fléchés sont donc les seules décorations visibles, indiquant le Centre de soins au deuxième étage, les salles "A" et "B" au premier et la "C" au rez de chaussée. Quelques autres salles sont utilisées pour le personnel de l'hôpital, pour le stockage du peu de matériel, pour les réunions, pour que les membres de la Santé puissent se reposer s'ils sont de garde, etc.
À l'entrée de ce simple réseau se trouve bien évidemment le hall d'accueil du rez-de-chaussée, auquel il vaut mieux demander de l'aide plutôt que d'errer dans les couloirs.
- Maître du JeuGénéralDétailsHRP
Re: Couloirs de l'hôpital
Moi, dans un placard à balais de la station radio …
- J’sais pas c’que j’dois en penser. Il va encore passer l‘week-end avec son ex et sa bande de pots et il m’a même pas invité, geint ma cousine au téléphone.
Gretchen a le chic pour se dégoter des relations foireuses desquelles elle sort avec le cœur brisé et l’estime d’elle-même en berne. Le seul gentil garçon qu’elle a fréquenté, elle l’a quitté sous prétexte qu’elle ne ressentait pas le grand frisson. Le grand frisson !... Pourquoi ne se contente-t-elle pas de quelques manèges à sensation ?! Je la suspecte de croire au prince charmant qu’on présente dans tous les films à l’eau de rose. Celui qui vous fiche des papillons dans le ventre sans que vous sachiez pourquoi. Celui pour qui vous quitteriez mari et enfants. Une bêtise. De mon côté, je ne vois pas l’intérêt d’une relation exclusive alors que je peux jouir de nombreuses relations amicales bien plus enrichissantes. Ce n’est pas du tout l’objectif de ma cousine qui, elle, cherche désespérément l’homme de sa vie.
- Mmmmh, répondis-je avec une certaine lassitude face à ses questions redondantes. T’sais bien que j’suis pas la mieux placée pour t’conseiller sur les relations amoureuses mais il me semble que quand on se sépare, c’est pour passer à autre chose et c’est pas vraiment ce qu’il est entrain de faire. Regarde, moi avec Jéré’, c’était plus sain d’couper les ponts.
- Je n’sais pas pourquoi tu l’as quitté, me répond Gret’ avec une agressivité qui me pique à vif. C’est le garçon le plus gentil que j’ai rencontré. Quel gâchis.
Les yeux plissés par l’agacement croissant que m’inspire ma cousine, j’ouvre la bouche pour lui rétorquer, dans une réponse cinglante, que s’il était tellement merveilleux elle n’avait qu’à sortir avec elle-même. Mais plutôt que de me froisser avec elle, je préfère prendre une longue inspiration avant d’articuler d’une voix lasse.
- Ecoute, faut que j'y aille, Aguila va s'demander pourquoi son café n'arrive pas. On en reparle ce soir OK ? Je sors au Six.
- Oh, avec Hans je ne suis pas sure d'avoir la tête à sortir. On se voit à l'appart.
- 'Key, à plus.
- Bises.
J’appuie avec vigueur sur l’icône « raccrocher » avant de m’extirper du placard. Qu’est-ce qu’elle peut m’agacer parfois ! Son incapacité à apprendre de ses erreurs passées me sidère. Tout en ruminant contre Hans, je cours à la salle de pause pour préparer le café demandé par ma bosse.
C’est une petite pièce ouverte sur le reste de l’immeuble avec verrières aux montants noirs. Le rendu est moderne et accueillant. Je pourrais y passer mes journées, un grand mug fumant à la main, à papoter de tout et de rien. Le seul souci, avec les verrières, c’est que tout le monde est témoin des pauses prolongées.
- Eh, Charlie ! Ça va ? Cruella te cherche.
- Je sais, répondis-je l’air concentré par ma tache. Qu’est ce qu’elle voulait déjà ?..., marmonnais-je dans l’espoir d’activer un souvenir semble-t-il effacé.
- Tu seras au Six ce soir ?
- Ouai ! Répondis-je avec enthousiasme. Toi aussi ?
Un long, c’est toujours ce qu’elle prend le matin …
- Oui, vers 22h.
- Super, à ce soir alors !
Enzo est un ami proche. C’est l’un des premiers à m’avoir tendu une main salvatrice lorsque j’ai été embauché. Mon guide dans le labyrinthe que représentait la station. Il m’a présenté ses amis qui sont aussi devenus les miens. Il est ingénieur du son et DJ à ses heures perdues. Ce garçon est un génie, il mériterait de percer dans le monde de la musique, mais il manque d’aplomb et de confiance en lui.
Le soir, exténuée par une ou deux heures supplémentaires non rémunérées, je rentre chez moi au pas de course avec l’intention de repartir rapidement après un petit rafraichissement. C’était sans compter sur Gretchen, que je retrouve sur le canapé, devant un film romantique, les yeux larmoyants. Nous discutons pendant près d’une heure pour tarir le flop de larmes qui ne demandait qu’à jaillir. La moue triste de ma meilleure amie finie par se transformer en un sourire grimaçant. J’en tire même un éclat de rire lorsque je lui suggère de punir le malotru en lui volant les places du match de basquet offertes quelques jours plus tôt. Connaissant sa passion pour ce sport, j’imagine aisément la fureur qui s’emparerait de lui.
- T’as raison Charlie, déclare finalement Gret’ dans un regard décidé, je dois rompre, je mérite mieux. Je vais l’appeler pour lui dire qu’on doit se parler.
Alléluia !!! J’adresse à ma cousine un sourire encourageant, c’est effectivement ce qu’elle devrait faire. Mais qu’elle ne fera pas.
J’abandonne Gretchen avec ses illusions, direction la salle de bain, puis je file au bar. J’y retrouve la plupart de mes collègues.
Comme souvent, le Six est bondé et l’ambiance au rendez-vous. Plus les verres passent, plus mon rire se renforce. Je laisse mon corps s’exprimer aux accords de musique dans des danses collées serrer avec tous et toutes les partenaires qui me passent sous la main. J’ai chaud !
- Charlie, on se partage un mètre ?
J’accours en slalomant dans la cohue.
- Mon pauvre Pit’, la raclée que tu t’es pris la dernière fois t’as pas suffi ?! Allez, cul sec !
Je finis sur le bar, à embrasser Myra à pleine bouche, devant le regard blasé de son petit ami. Je suis saoule comme une barrique trop pleine.
Aië … Ma tête me semble prise dans un étau. La douleur est tellement forte que j’en ai le souffle coupé. Je me suis déjà pris des cuites, mais jamais de cette intensité là. Ce qui m’étonne, c’est que je n’ai pas bu tant que ça. Pas plus que d’habitude en tout cas.
Dans un effort surhumain, je tends le bras vers l’interrupteur. Mauvaise idée. Les murs de ma chambre se mettent à tourner et une envie de rendre tout ce que j’ai ingurgité la veille me prend. Mon estomac se tord, j’en gémis de douleur. Ce n’est pas une simple gueule de bois, quelque chose de va pas.
J’essaie de me redresser mais tous mes muscles me semblent douloureux. Une grippe ? Non, pas à cette époque.
- Gret’ ?!, m’entends-je appeler d’une voix éraillée, presque inaudible. Je retente : Gret’ ? C’est mieux. J’espère qu’elle va se réveiller, je ne me sens pas du tout capable de me trainer jusqu’à sa chambre. Je suis pliée en deux sur mon lit, et je meurs.
- Gret’, Gret', répétais-je d’une voix suppliante sans plus aucun aplomb.
Un doliprane, il me faut un doliprane. La salle de bain n’est pas très loin, je peux le faire ! Non … Mais si !!
Difficilement, je passe mes jambes par-dessus le lit. Mes pieds touchent le parquet, mes bras poussent et je décolle. Ma tête me lance, mon ventre proteste devant ce changement brutal de position. Taisez-vous !
Un pied … Puis l’autre … J’avance !
Tout me paraît flou. Un instant, j’ai l’impression que je suis sur le point de vomir, puis la minute d’après que mon état s’améliore, avant d’être pris d’un spasme particulièrement douloureux en provenance de mon estomac. J’en ai le souffle coupé. Je sens que mes jambes s’effondrent. Je tombe.
Les sens me reviennent peu à peu, comme un nuage de coton qui se dissipe. Un soulagement d’abord – je ne suis pas morte, puis un regret. La douleur, c’est ce qui me frappe en premier. Avant le toucher, l’ouïe ou la vue, je sens mes membres endoloris, la tête qui me lance et mon estomac qui se tord. J’essaie d’oublier mon mal pour me concentrer sur le reste. Mes mains frottent contre un tissu rêche qui ne ressemble pas à mes draps. Je pense à l’hôpital, mais je n’ai pas souvenir que les couches soient aussi inconfortables. Intriguée, j’ouvre les yeux. Un éclair blanc me fait cligner des paupières. La lumière me semble particulièrement agressive et il me faut quelques secondes pour habituer mes pupilles et faire la mise au point. Le plafond en bois est la première chose qui m’apparait. Puis un mur, peint par des enfants. Je tourne la tête à droite, à gauche. Des lits d’infortunes sont alignés des deux côtés, sans personnes dedans. Cet endroit ne ressemble à rien de connu et mon cerveau peine à trouver une explication plausible. Suis-je en plein rêve ? Ou en plein délire sous l’effet de je ne sais quelle substance destinée à faire passer la douleur ? Seul hic, la douleur est bien là.
Intriguée, je me redresse laborieusement. Mes muscles me tirent mais le plus désagréable est mon estomac qui se soulève à chaque mouvement. Mes pieds effleurent le sol frais ce qui me fait prendre conscience de la chaleur ambiante. J’ai tout à coup envide de m’étaler de tout mon long sur le sol dur, pour apaiser mes mots. Mais un besoin plus urgent que de calmer la douleur me pousse à poursuivre mes observations.
Au fond de la pièce, une fenêtre depuis laquelle rentre un soleil d’été. Mes jambes se mettent en action, comme attirées par cette clarté. Il faut que je comprenne où je suis.
Malgré ma démarche chaloupée, j’arrive à bon port. Le décor qui se présente à moi me coupe le souffle. Une cité aux allures de bidonville s’étale sous mes yeux. J’aperçois des passants, vaquant à leurs occupations, trop loin pour que je puisse distinguer leurs visages. Un mur dépassant les bâtiments se dresse à la limite de la ville. Derrière, une immensité marron qui m’inspire une terre aride et desséchée.
Plus de doute cette fois, je suis en plein rêve. Ou cauchemar, étant donné mon estomac qui se rebiffe toujours. Saleté, si je ne m’étais pas sentie sur le point de vomir tripes et boyaux, je me serais précipité dehors pour profiter du rêve qui s’offre à moi.
Je ne sais pas combien de temps je reste planter là, fascinée par ce spectacle. Je suis tirée de ma contemplation par le bruit d’une porte.
- Oh, tu es réveillée ?! C’est très bien. Je suis Sajni, je vais m’occuper de toi. Se présente une femme à la peau hâlée. Ses joues tombantes lui donnent un air renfrogné, mais je distingue de la bienveillance dans son regard brun. Comment t’appelles-tu ?
- Charlie, réponds-je simplement.
- Enchantée Charlie, bienvenue parmi-nous. Tu as été transférée de la terre vers ce nouveau monde. Tu es restée dans le coma plus de vingt jours.
Mes sourcils se froncent sur mes yeux obstinément accrochés au visage lunaire. De quoi parle-t-elle ?
Les explications qui suivirent firent revenir le brouillard. Le flot d’informations insensées déversé par l’infirmière engourdit complètement mon cerveau. A la fin, je ne percevais plus que certains mots, comme criés à travers une vitre insonorisée.
Ce que je retins de tout cela c’était que j’avais quitté la terre et tous ceux que j’aimais pour arriver ici.
C’était un mauvais rêve, j’allais me réveiller.
Les jours passèrent mais à chaque fois mes yeux s’ouvraient sur un vieux plafond en bois. Je finis par le haïr, de toujours le trouver là. J’aurais voulu le bruler pour retrouver celui de ma chambre. Pour entendre à nouveau la voix de ma cousine qui vient me réveiller lorsque je me lève trop tard le week-end.
J’avais mal, mais plus pour les mêmes raisons. Les visages de mes proches me revenaient sans cesse, comme des millions de couteaux plantés dans mon cœur. J’avais besoin d’eux, je n’étais rien sans eux. J’en suffoquais, lorsque l’idée de ne jamais les revoir me traversait l’esprit.
Au bout de quelques jours, j’acceptais de m’alimenter. Ou plutôt, je n’avais plus la force de refuser quoi que ce soit. Je n’étais plus que l’ombre de moi-même. Mon enthousiasme avait fait place à la morosité, mon hyper activité à une fatigue assommante. Marcher était devenu un effort insurmontable, tenir une cuillère un combat, mastiquer une lutte contre mon corps affaibli qui ne désirait que le repos.
Avec l’encouragement des médecins, je repris des forces peu à peu. Mais j’étais loin d’être sortie de ma torpeur. Je pouvais à nouveau marcher, tel un automate qui déambule dans une cage. Mon cerveau était toujours embué, mais une certitude finie par émerger du brouillard : si je restais enfermée dans cette chambre plus longtemps, j’allais vraiment devenir folle.
Somnambule, je quitte le dortoir vide à la recherche d’une nouvelle raison de vivre.
- J’sais pas c’que j’dois en penser. Il va encore passer l‘week-end avec son ex et sa bande de pots et il m’a même pas invité, geint ma cousine au téléphone.
Gretchen a le chic pour se dégoter des relations foireuses desquelles elle sort avec le cœur brisé et l’estime d’elle-même en berne. Le seul gentil garçon qu’elle a fréquenté, elle l’a quitté sous prétexte qu’elle ne ressentait pas le grand frisson. Le grand frisson !... Pourquoi ne se contente-t-elle pas de quelques manèges à sensation ?! Je la suspecte de croire au prince charmant qu’on présente dans tous les films à l’eau de rose. Celui qui vous fiche des papillons dans le ventre sans que vous sachiez pourquoi. Celui pour qui vous quitteriez mari et enfants. Une bêtise. De mon côté, je ne vois pas l’intérêt d’une relation exclusive alors que je peux jouir de nombreuses relations amicales bien plus enrichissantes. Ce n’est pas du tout l’objectif de ma cousine qui, elle, cherche désespérément l’homme de sa vie.
- Mmmmh, répondis-je avec une certaine lassitude face à ses questions redondantes. T’sais bien que j’suis pas la mieux placée pour t’conseiller sur les relations amoureuses mais il me semble que quand on se sépare, c’est pour passer à autre chose et c’est pas vraiment ce qu’il est entrain de faire. Regarde, moi avec Jéré’, c’était plus sain d’couper les ponts.
- Je n’sais pas pourquoi tu l’as quitté, me répond Gret’ avec une agressivité qui me pique à vif. C’est le garçon le plus gentil que j’ai rencontré. Quel gâchis.
Les yeux plissés par l’agacement croissant que m’inspire ma cousine, j’ouvre la bouche pour lui rétorquer, dans une réponse cinglante, que s’il était tellement merveilleux elle n’avait qu’à sortir avec elle-même. Mais plutôt que de me froisser avec elle, je préfère prendre une longue inspiration avant d’articuler d’une voix lasse.
- Ecoute, faut que j'y aille, Aguila va s'demander pourquoi son café n'arrive pas. On en reparle ce soir OK ? Je sors au Six.
- Oh, avec Hans je ne suis pas sure d'avoir la tête à sortir. On se voit à l'appart.
- 'Key, à plus.
- Bises.
J’appuie avec vigueur sur l’icône « raccrocher » avant de m’extirper du placard. Qu’est-ce qu’elle peut m’agacer parfois ! Son incapacité à apprendre de ses erreurs passées me sidère. Tout en ruminant contre Hans, je cours à la salle de pause pour préparer le café demandé par ma bosse.
C’est une petite pièce ouverte sur le reste de l’immeuble avec verrières aux montants noirs. Le rendu est moderne et accueillant. Je pourrais y passer mes journées, un grand mug fumant à la main, à papoter de tout et de rien. Le seul souci, avec les verrières, c’est que tout le monde est témoin des pauses prolongées.
- Eh, Charlie ! Ça va ? Cruella te cherche.
- Je sais, répondis-je l’air concentré par ma tache. Qu’est ce qu’elle voulait déjà ?..., marmonnais-je dans l’espoir d’activer un souvenir semble-t-il effacé.
- Tu seras au Six ce soir ?
- Ouai ! Répondis-je avec enthousiasme. Toi aussi ?
Un long, c’est toujours ce qu’elle prend le matin …
- Oui, vers 22h.
- Super, à ce soir alors !
Enzo est un ami proche. C’est l’un des premiers à m’avoir tendu une main salvatrice lorsque j’ai été embauché. Mon guide dans le labyrinthe que représentait la station. Il m’a présenté ses amis qui sont aussi devenus les miens. Il est ingénieur du son et DJ à ses heures perdues. Ce garçon est un génie, il mériterait de percer dans le monde de la musique, mais il manque d’aplomb et de confiance en lui.
Le soir, exténuée par une ou deux heures supplémentaires non rémunérées, je rentre chez moi au pas de course avec l’intention de repartir rapidement après un petit rafraichissement. C’était sans compter sur Gretchen, que je retrouve sur le canapé, devant un film romantique, les yeux larmoyants. Nous discutons pendant près d’une heure pour tarir le flop de larmes qui ne demandait qu’à jaillir. La moue triste de ma meilleure amie finie par se transformer en un sourire grimaçant. J’en tire même un éclat de rire lorsque je lui suggère de punir le malotru en lui volant les places du match de basquet offertes quelques jours plus tôt. Connaissant sa passion pour ce sport, j’imagine aisément la fureur qui s’emparerait de lui.
- T’as raison Charlie, déclare finalement Gret’ dans un regard décidé, je dois rompre, je mérite mieux. Je vais l’appeler pour lui dire qu’on doit se parler.
Alléluia !!! J’adresse à ma cousine un sourire encourageant, c’est effectivement ce qu’elle devrait faire. Mais qu’elle ne fera pas.
J’abandonne Gretchen avec ses illusions, direction la salle de bain, puis je file au bar. J’y retrouve la plupart de mes collègues.
Comme souvent, le Six est bondé et l’ambiance au rendez-vous. Plus les verres passent, plus mon rire se renforce. Je laisse mon corps s’exprimer aux accords de musique dans des danses collées serrer avec tous et toutes les partenaires qui me passent sous la main. J’ai chaud !
- Charlie, on se partage un mètre ?
J’accours en slalomant dans la cohue.
- Mon pauvre Pit’, la raclée que tu t’es pris la dernière fois t’as pas suffi ?! Allez, cul sec !
Je finis sur le bar, à embrasser Myra à pleine bouche, devant le regard blasé de son petit ami. Je suis saoule comme une barrique trop pleine.
Aië … Ma tête me semble prise dans un étau. La douleur est tellement forte que j’en ai le souffle coupé. Je me suis déjà pris des cuites, mais jamais de cette intensité là. Ce qui m’étonne, c’est que je n’ai pas bu tant que ça. Pas plus que d’habitude en tout cas.
Dans un effort surhumain, je tends le bras vers l’interrupteur. Mauvaise idée. Les murs de ma chambre se mettent à tourner et une envie de rendre tout ce que j’ai ingurgité la veille me prend. Mon estomac se tord, j’en gémis de douleur. Ce n’est pas une simple gueule de bois, quelque chose de va pas.
J’essaie de me redresser mais tous mes muscles me semblent douloureux. Une grippe ? Non, pas à cette époque.
- Gret’ ?!, m’entends-je appeler d’une voix éraillée, presque inaudible. Je retente : Gret’ ? C’est mieux. J’espère qu’elle va se réveiller, je ne me sens pas du tout capable de me trainer jusqu’à sa chambre. Je suis pliée en deux sur mon lit, et je meurs.
- Gret’, Gret', répétais-je d’une voix suppliante sans plus aucun aplomb.
Un doliprane, il me faut un doliprane. La salle de bain n’est pas très loin, je peux le faire ! Non … Mais si !!
Difficilement, je passe mes jambes par-dessus le lit. Mes pieds touchent le parquet, mes bras poussent et je décolle. Ma tête me lance, mon ventre proteste devant ce changement brutal de position. Taisez-vous !
Un pied … Puis l’autre … J’avance !
Tout me paraît flou. Un instant, j’ai l’impression que je suis sur le point de vomir, puis la minute d’après que mon état s’améliore, avant d’être pris d’un spasme particulièrement douloureux en provenance de mon estomac. J’en ai le souffle coupé. Je sens que mes jambes s’effondrent. Je tombe.
. . . . . . . .
Les sens me reviennent peu à peu, comme un nuage de coton qui se dissipe. Un soulagement d’abord – je ne suis pas morte, puis un regret. La douleur, c’est ce qui me frappe en premier. Avant le toucher, l’ouïe ou la vue, je sens mes membres endoloris, la tête qui me lance et mon estomac qui se tord. J’essaie d’oublier mon mal pour me concentrer sur le reste. Mes mains frottent contre un tissu rêche qui ne ressemble pas à mes draps. Je pense à l’hôpital, mais je n’ai pas souvenir que les couches soient aussi inconfortables. Intriguée, j’ouvre les yeux. Un éclair blanc me fait cligner des paupières. La lumière me semble particulièrement agressive et il me faut quelques secondes pour habituer mes pupilles et faire la mise au point. Le plafond en bois est la première chose qui m’apparait. Puis un mur, peint par des enfants. Je tourne la tête à droite, à gauche. Des lits d’infortunes sont alignés des deux côtés, sans personnes dedans. Cet endroit ne ressemble à rien de connu et mon cerveau peine à trouver une explication plausible. Suis-je en plein rêve ? Ou en plein délire sous l’effet de je ne sais quelle substance destinée à faire passer la douleur ? Seul hic, la douleur est bien là.
Intriguée, je me redresse laborieusement. Mes muscles me tirent mais le plus désagréable est mon estomac qui se soulève à chaque mouvement. Mes pieds effleurent le sol frais ce qui me fait prendre conscience de la chaleur ambiante. J’ai tout à coup envide de m’étaler de tout mon long sur le sol dur, pour apaiser mes mots. Mais un besoin plus urgent que de calmer la douleur me pousse à poursuivre mes observations.
Au fond de la pièce, une fenêtre depuis laquelle rentre un soleil d’été. Mes jambes se mettent en action, comme attirées par cette clarté. Il faut que je comprenne où je suis.
Malgré ma démarche chaloupée, j’arrive à bon port. Le décor qui se présente à moi me coupe le souffle. Une cité aux allures de bidonville s’étale sous mes yeux. J’aperçois des passants, vaquant à leurs occupations, trop loin pour que je puisse distinguer leurs visages. Un mur dépassant les bâtiments se dresse à la limite de la ville. Derrière, une immensité marron qui m’inspire une terre aride et desséchée.
Plus de doute cette fois, je suis en plein rêve. Ou cauchemar, étant donné mon estomac qui se rebiffe toujours. Saleté, si je ne m’étais pas sentie sur le point de vomir tripes et boyaux, je me serais précipité dehors pour profiter du rêve qui s’offre à moi.
Je ne sais pas combien de temps je reste planter là, fascinée par ce spectacle. Je suis tirée de ma contemplation par le bruit d’une porte.
- Oh, tu es réveillée ?! C’est très bien. Je suis Sajni, je vais m’occuper de toi. Se présente une femme à la peau hâlée. Ses joues tombantes lui donnent un air renfrogné, mais je distingue de la bienveillance dans son regard brun. Comment t’appelles-tu ?
- Charlie, réponds-je simplement.
- Enchantée Charlie, bienvenue parmi-nous. Tu as été transférée de la terre vers ce nouveau monde. Tu es restée dans le coma plus de vingt jours.
Mes sourcils se froncent sur mes yeux obstinément accrochés au visage lunaire. De quoi parle-t-elle ?
Les explications qui suivirent firent revenir le brouillard. Le flot d’informations insensées déversé par l’infirmière engourdit complètement mon cerveau. A la fin, je ne percevais plus que certains mots, comme criés à travers une vitre insonorisée.
Ce que je retins de tout cela c’était que j’avais quitté la terre et tous ceux que j’aimais pour arriver ici.
C’était un mauvais rêve, j’allais me réveiller.
Les jours passèrent mais à chaque fois mes yeux s’ouvraient sur un vieux plafond en bois. Je finis par le haïr, de toujours le trouver là. J’aurais voulu le bruler pour retrouver celui de ma chambre. Pour entendre à nouveau la voix de ma cousine qui vient me réveiller lorsque je me lève trop tard le week-end.
J’avais mal, mais plus pour les mêmes raisons. Les visages de mes proches me revenaient sans cesse, comme des millions de couteaux plantés dans mon cœur. J’avais besoin d’eux, je n’étais rien sans eux. J’en suffoquais, lorsque l’idée de ne jamais les revoir me traversait l’esprit.
Au bout de quelques jours, j’acceptais de m’alimenter. Ou plutôt, je n’avais plus la force de refuser quoi que ce soit. Je n’étais plus que l’ombre de moi-même. Mon enthousiasme avait fait place à la morosité, mon hyper activité à une fatigue assommante. Marcher était devenu un effort insurmontable, tenir une cuillère un combat, mastiquer une lutte contre mon corps affaibli qui ne désirait que le repos.
Avec l’encouragement des médecins, je repris des forces peu à peu. Mais j’étais loin d’être sortie de ma torpeur. Je pouvais à nouveau marcher, tel un automate qui déambule dans une cage. Mon cerveau était toujours embué, mais une certitude finie par émerger du brouillard : si je restais enfermée dans cette chambre plus longtemps, j’allais vraiment devenir folle.
Somnambule, je quitte le dortoir vide à la recherche d’une nouvelle raison de vivre.
- Charleen ImbachGénéralDétailsHRP
- Administratrice
Re: Couloirs de l'hôpital
Ah, le grand hôpital... Le lieu qu'il avait tenté de fuir dès son arrivée. Le destin avait décidé de le maudire en le forçant à longer régulièrement ces couloirs qui n'aidaient pas à rassurer les patients. Erik, lui, était généralement agacé, comme un gamin à qui l'on demande de faire des tâches ménagères alors qu'une console de jeu peut offrir cent fois plus de distractions.
Aujourd'hui, il était venu voir l'un des combattants sous sa responsabilité. L'agacement avait bien vite laissé sa place à autre chose : les côtes brisées, les plaies béantes, c'était courant, mais jamais bien fatal. Sauf que les blessures de cette dénommée Iria ne s'en tenaient pas qu'aux maux habituels. La femme était morte quelques heures auparavant.
S'étant autorisé à errer quelques minutes dans les couloirs, le sergent se laissa aller sur une chaise, sans trop savoir où ses pas l'avaient mené : après tout, que pouvait-il voir de pire que la mort ? Triste, il ne l'était pas vraiment, il était furieux. Un nouveau mort dans ses rangs, cela l'affectait beaucoup trop, la commandante ne cessait de lui répéter que "ce n'était pas sa faute", qu'il "avait fait de son mieux" et toutes les autres conneries dans le genre.
Mais pour lui, oui, c'était de sa faute, à quoi cela servait-il d'avoir des pouvoirs s'il n'était même pas capable de les utiliser pour sauver les autres ?
Le pire dans tout ça, c'était qu'il allait devoir continuer à faire son boulot, et que d'ici deux semaines, plus personne ne penserait à elle. C'était malheureux, mais les survivants devaient tout de même se démener pour garder cette appellation.
Alors qu'il réfléchissait à l'organisation pour la prochaine tâche que ses combattants devraient réaliser, une porte s'ouvrit non loin de lui... Le petit écriteau à côté de celle-ci lui indiqua qu'il s'était aventuré un peu trop près du centre de réveil. Et au vu de la mine de la jeune femme qui en sortait, il n'avait plus trop le droit de se lamenter sur quoi que ce soit.
Lui avait bien encaissé le coup, être coupé d'un monde dans lequel plus rien ne l'attendait avait été une sorte de libération... Le coup de griffe de l'ursaï lui avait donné le rythme des choses, comme un avant-goût de ce à quoi il allait être confronté tout en mettant bien les choses au clair. Ça n'avait pas été agréable, mais trois ans après, il se sentait désormais à sa place.
Peut-être fallait-il faire quelque chose ? Avant que cette charmante demoiselle ne songe à faire une bêtise ? Les suicides n'étaient pas courants, mais les crises de folies... déjà un peu plus fréquentes, alors avec des pouvoirs pas toujours découverts et/ou maîtrisés, cela restait dangereux pour le personnel de l'hôpital. Pas autant que lorsqu'il fallait abattre des monstres, mais bon, à chaque secteur son job !
« Euh, salut ? » lança-t-il.
Quelque chose le dérangeait, quelque chose qu'il avait oublié de prendre en compte... Il y avait en effet des tas de détails qui ne lui donnaient pas vraiment l'avantage en ce qui consistait à rassurer qui que ce soit : son visage lacéré trois ans auparavant gardait une marque pas très glamour-glamour, son œil droit ayant été blessé, il était désormais recouvert d'un voile blanc qui lui donnait un air... encore moins "esthétiquement agréable". Dernièrement, c'était surtout son côté autoritaire qui avait été sollicité, ses traits étaient presque constamment durs et sérieux. De plus, il ne pouvait décemment pas se faire passer pour un membre du personnel de l'hôpital, avec sa tenue plus "élaborée" que celle du survivant lambda : le cuir d'une créature abattue avait servi à la fabrication de sa tenue, le tout renforcé d'un peu d'acier ça et là. Enfin, son arme, une pâle copie des fusils d'assaut des militaires de la Terre, mais bel et bien fonctionnelle sous réserve d'une maintenance très exigeante. Cependant, il était toujours satisfaisant de tenir à l'écart une créature après quelques tirs, ou de gagner quelques précieuses secondes afin de réfléchir à quelque chose de plus mortel, le plus souvent mettant en jeu ses pouvoirs. Bien que sergent, il avait laissé les quelques armes plus efficaces et en meilleur état à ses combattants.
« Tu vas où, comme ça ? »
... Échec critique. Foutu conditionnement militaire qu'il avait laissé refaire surface.
Aujourd'hui, il était venu voir l'un des combattants sous sa responsabilité. L'agacement avait bien vite laissé sa place à autre chose : les côtes brisées, les plaies béantes, c'était courant, mais jamais bien fatal. Sauf que les blessures de cette dénommée Iria ne s'en tenaient pas qu'aux maux habituels. La femme était morte quelques heures auparavant.
S'étant autorisé à errer quelques minutes dans les couloirs, le sergent se laissa aller sur une chaise, sans trop savoir où ses pas l'avaient mené : après tout, que pouvait-il voir de pire que la mort ? Triste, il ne l'était pas vraiment, il était furieux. Un nouveau mort dans ses rangs, cela l'affectait beaucoup trop, la commandante ne cessait de lui répéter que "ce n'était pas sa faute", qu'il "avait fait de son mieux" et toutes les autres conneries dans le genre.
Mais pour lui, oui, c'était de sa faute, à quoi cela servait-il d'avoir des pouvoirs s'il n'était même pas capable de les utiliser pour sauver les autres ?
Le pire dans tout ça, c'était qu'il allait devoir continuer à faire son boulot, et que d'ici deux semaines, plus personne ne penserait à elle. C'était malheureux, mais les survivants devaient tout de même se démener pour garder cette appellation.
Alors qu'il réfléchissait à l'organisation pour la prochaine tâche que ses combattants devraient réaliser, une porte s'ouvrit non loin de lui... Le petit écriteau à côté de celle-ci lui indiqua qu'il s'était aventuré un peu trop près du centre de réveil. Et au vu de la mine de la jeune femme qui en sortait, il n'avait plus trop le droit de se lamenter sur quoi que ce soit.
Lui avait bien encaissé le coup, être coupé d'un monde dans lequel plus rien ne l'attendait avait été une sorte de libération... Le coup de griffe de l'ursaï lui avait donné le rythme des choses, comme un avant-goût de ce à quoi il allait être confronté tout en mettant bien les choses au clair. Ça n'avait pas été agréable, mais trois ans après, il se sentait désormais à sa place.
Peut-être fallait-il faire quelque chose ? Avant que cette charmante demoiselle ne songe à faire une bêtise ? Les suicides n'étaient pas courants, mais les crises de folies... déjà un peu plus fréquentes, alors avec des pouvoirs pas toujours découverts et/ou maîtrisés, cela restait dangereux pour le personnel de l'hôpital. Pas autant que lorsqu'il fallait abattre des monstres, mais bon, à chaque secteur son job !
« Euh, salut ? » lança-t-il.
Quelque chose le dérangeait, quelque chose qu'il avait oublié de prendre en compte... Il y avait en effet des tas de détails qui ne lui donnaient pas vraiment l'avantage en ce qui consistait à rassurer qui que ce soit : son visage lacéré trois ans auparavant gardait une marque pas très glamour-glamour, son œil droit ayant été blessé, il était désormais recouvert d'un voile blanc qui lui donnait un air... encore moins "esthétiquement agréable". Dernièrement, c'était surtout son côté autoritaire qui avait été sollicité, ses traits étaient presque constamment durs et sérieux. De plus, il ne pouvait décemment pas se faire passer pour un membre du personnel de l'hôpital, avec sa tenue plus "élaborée" que celle du survivant lambda : le cuir d'une créature abattue avait servi à la fabrication de sa tenue, le tout renforcé d'un peu d'acier ça et là. Enfin, son arme, une pâle copie des fusils d'assaut des militaires de la Terre, mais bel et bien fonctionnelle sous réserve d'une maintenance très exigeante. Cependant, il était toujours satisfaisant de tenir à l'écart une créature après quelques tirs, ou de gagner quelques précieuses secondes afin de réfléchir à quelque chose de plus mortel, le plus souvent mettant en jeu ses pouvoirs. Bien que sergent, il avait laissé les quelques armes plus efficaces et en meilleur état à ses combattants.
« Tu vas où, comme ça ? »
... Échec critique. Foutu conditionnement militaire qu'il avait laissé refaire surface.
- Erik VargasGénéralDétailsHRP
- Administrateur
Re: Couloirs de l'hôpital
J’avais l’impression d’être dans une de ces scènes de films où les images passent au ralenti, pour mieux appréhender une bataille sanglante ou donner plus de profondeur à des retrouvailles déchirantes. Sauf que dans mon cas, le ralenti ne venait rien mettre d’autre en valeur que mon désarroi. Telle une vieille dame aux os devenus fragiles et aux muscles fatigués d’avoir trop travaillé, mes foulées se faisaient lentes et mal assurées. Toutes mes facultés cognitives semblaient fonctionner au ralentit. Mes yeux regardaient, mes oreilles écoutaient, mes doigts frôlaient le mur pour garantir mon équilibre, mais les informations arrivaient à mon cerveau sans que j’arrive à leur donner un sens. J’étais déboussolée, complètement perdue dans ce méli-mélo inextricable de sentiments, de sensations. En surface, je devais avoir l’air stone, mais à l’intérieur, c’était la panique générale. « A vos postes moussaillons, hisser la grand’ voile et le génois, larguer l'écoute de foc, il faut sauver ce navire en perdition ! … ».
Il est drôle de constater comment, parfois, de petites attentions peuvent être d’un grand secours. Dans le tourbillon d’informations que recevait mon cerveau, de sens, d’angoisse, de peur, une voix émergea. Inespérée, elle résonna tel un écho venu d’ailleurs, grave et rassurante. D’instinct, Je m’y accrochai comme à une bouée de sauvetage, pour sortir à tête de l’eau, pour reprendre le dessus sur cette matière grise qui ne fonctionnait plus très bien depuis mon arrivée ici. Le navire coulait, mais l’équipage allait être sauvé.
Dans un effort qui me parut surhumain, je rassemblai toute ma concentration sur un seul de mes cinq sens : la vue. Mes pupilles parcoururent le couloir, avant de se focaliser sur une imposante masse brune.
La première chose qui attira mon attention fut l’arme portée en bandoulière comme on porte un sac, le plus familièrement du monde. Cette vision m’effraya.
Pourquoi un homme armé gardait ma chambre ? Les médecins m’avaient pourtant expliqué, avec une patience qui frôlait l’acharnement, qu’une fois remise sur pied je sortirai de l’hôpital et qu’on me donnera un travail. Une perspective qui m’avait laissée totalement indifférente, étant donné mon chagrin, mais qui me revenait à présent. M’avaient-ils menti ? Leurs belles phrases rassurantes n’étaient elles qu’une mise en scène, un lavage de cerveau destiné à me faire croire que j’étais en sécurité ?
Personne ne m’avait interdit de sortir. Implicitement, il m’avait semblé clair que je restais une citoyenne libre de ses mouvements. Erreur. Pourquoi me retenaient-ils prisonnière ? J’avais tout à coup l’impression d’être une criminelle. Ou une folle dangereuse. C’était peut-être le cas après tout. Avais-je sombré dans la folie ? Je trouvais cela bien plus cohérent que l’idée d’avoir été transféré dans un nouveau monde.
La voix, autoritaire et dure – plus dure qu’elle ne m’avait paru la première fois – s’éleva de nouveau :
- Tu vas où, comme ça ?
Je relevais mes yeux vers une figure mutilée. Une grande cicatrice lui barrait le visage, passant par un œil droit devenu aveugle. A l’image de son arme, il était effrayant.
Je ne vis pas dans ses mots une question, mais un ordre dissimulé. Malgré le brouillard, je comprenais clairement que je n’avais pas à être ici.
Incapable de répondre – je n’avais pas dit un mot depuis le jour de mon réveil et je n’étais pas sure de me souvenir comment cela fonctionnait – je fis plusieurs pas en arrière, sans quitter des yeux la brute devant moi, cherchant la porte de la chambre à tâtons. Sans m’en rendre compte, mes traits s’étaient tirés sous l’effet de la peur, mes yeux écarquillés.
Il est drôle de constater comment, parfois, de petites attentions peuvent être d’un grand secours. Dans le tourbillon d’informations que recevait mon cerveau, de sens, d’angoisse, de peur, une voix émergea. Inespérée, elle résonna tel un écho venu d’ailleurs, grave et rassurante. D’instinct, Je m’y accrochai comme à une bouée de sauvetage, pour sortir à tête de l’eau, pour reprendre le dessus sur cette matière grise qui ne fonctionnait plus très bien depuis mon arrivée ici. Le navire coulait, mais l’équipage allait être sauvé.
Dans un effort qui me parut surhumain, je rassemblai toute ma concentration sur un seul de mes cinq sens : la vue. Mes pupilles parcoururent le couloir, avant de se focaliser sur une imposante masse brune.
La première chose qui attira mon attention fut l’arme portée en bandoulière comme on porte un sac, le plus familièrement du monde. Cette vision m’effraya.
Pourquoi un homme armé gardait ma chambre ? Les médecins m’avaient pourtant expliqué, avec une patience qui frôlait l’acharnement, qu’une fois remise sur pied je sortirai de l’hôpital et qu’on me donnera un travail. Une perspective qui m’avait laissée totalement indifférente, étant donné mon chagrin, mais qui me revenait à présent. M’avaient-ils menti ? Leurs belles phrases rassurantes n’étaient elles qu’une mise en scène, un lavage de cerveau destiné à me faire croire que j’étais en sécurité ?
Personne ne m’avait interdit de sortir. Implicitement, il m’avait semblé clair que je restais une citoyenne libre de ses mouvements. Erreur. Pourquoi me retenaient-ils prisonnière ? J’avais tout à coup l’impression d’être une criminelle. Ou une folle dangereuse. C’était peut-être le cas après tout. Avais-je sombré dans la folie ? Je trouvais cela bien plus cohérent que l’idée d’avoir été transféré dans un nouveau monde.
La voix, autoritaire et dure – plus dure qu’elle ne m’avait paru la première fois – s’éleva de nouveau :
- Tu vas où, comme ça ?
Je relevais mes yeux vers une figure mutilée. Une grande cicatrice lui barrait le visage, passant par un œil droit devenu aveugle. A l’image de son arme, il était effrayant.
Je ne vis pas dans ses mots une question, mais un ordre dissimulé. Malgré le brouillard, je comprenais clairement que je n’avais pas à être ici.
Incapable de répondre – je n’avais pas dit un mot depuis le jour de mon réveil et je n’étais pas sure de me souvenir comment cela fonctionnait – je fis plusieurs pas en arrière, sans quitter des yeux la brute devant moi, cherchant la porte de la chambre à tâtons. Sans m’en rendre compte, mes traits s’étaient tirés sous l’effet de la peur, mes yeux écarquillés.
- Charleen ImbachGénéralDétailsHRP
- Administratrice
Re: Couloirs de l'hôpital
La jeune femme semblait n'avoir entendu qu'à moitié sa première remarque, la seconde devait sans doute avoir du mal à atteindre son cerveau, mais apparemment ce fut une réussite. Petit à petit, l'inconnue "se réveilla". Un retour à la réalité qui sembla la terroriser, ses yeux s'écarquillant peu à peu. Lui avait-on fait le speech habituel ? Cela expliquerait sa terreur.
À moins que ce ne soit lui... le paramètre effrayant. Les gens amorçaient souvent un mouvement de recul en le voyant pour la première fois, voyant son visage lacéré et cet œil blanc qu'ils croyaient aveugle au début.
La survivante grattait à tâtons derrière elle, cherchant sans doute la poignée de la porte... un peu trop à droite. Ce regard horrifié était bel et bien rivé sur le membre de la Défense. À force, il commençait à le comprendre de plus en plus facilement, surtout lorsque ce n'était absolument pas discret comme en cet instant.
« Je vais pas te manger, hein, je ne fais que passer, il y a des chaises alors... Autant en profiter. Si tu flippes dès que tu vois quelqu'un, tu vas pas vraiment t'en sortir. »
Son ton ne s'améliorait pas, mais au moins, ses paroles indiquaient qu'il n'était pas là pour la surveiller ou l'abattre (savoir ça rassurait les gens, en général).
« Vu la tronche que tu tires, tu sors pas souvent, ou alors t'es jamais sortie de cet endroit pourri... Moi je suis parti dès que je le pouvais, les deux fois... »
À ces mots, il passa presque machinalement son pouce le long d'une de ses cicatrices. Bah, pas la peine de raconter sa vie à cette pauvre petite, elle risquerait de lui sauter dessus, l'assommer et lui prendre son arme pour se tirer une balle dans la tête. Non pas qu'il doutait de ses propres capacités à retenir une jeune femme à moitié morte, mais franchement, il pouvait tellement la comprendre si elle souhaitait en finir... Comment lui refuser ?
Laissant ses "blessures de guerre" (même si c'était plutôt une punition pour avoir été un peu trop stupide... mais bon, tout le monde est un peu stupide en temps de "guerre", le terme convenait plus ou moins), Erik passa sa main droite à son poignet gauche, activant son bracelet. L'accessoire qui ressemblait à une montre, sans cadran, s'activa et un hologramme circulaire se déploya autour de sa main, luisant d'une couleur orangée. Brandissant délicatement sa main, il "scanna" la personne devant lui, comme il avait pris l'habitude de faire. Des écritures apparurent bien vite sur l'hologramme qui était incliné de manière à lui donner toutes les informations récoltées.
« Charlie... C'est tout ? Ils n'ont rien noté d'autre... » fit-il en éteignant les hologrammes d'un signe de main particulier.
Il haussa les épaules et se détendit, se mettant un peu plus à l'aise contre le dossier de sa chaise (même si son arme était encore dans son dos... une autre habitude...).
« C'est plutôt bon signe, en fait... Ça veut dire qu'il vont bientôt s'occuper de toi, te dire où tu dois aller et te libérer. Mais j'en ai marre de parler dans l'vent, à toi un peu... Dis-moi quelque chose, ou même pose moi une question, ça sera déjà ça... Mais sautons les étapes un peu trop chiantes, moi c'est Erik, et je bosse pour la Défense. On a déjà tu t'expliquer ce que c'était alors j'entre pas dans les détails. »
Ce n'était pas son boulot de faire le psy pour pour une personne fraîchement transférée, mais il était dans le coin, discuter un peu ne lui coûtait rien. Et sans trop se l'avouer, il essayait de déterminer si cette "Charlie" allait plutôt correspondre à l'Artisanat, à la Santé ou à la Recherche... Parce qu'une épave mouvante comme ça, il ne préférait pas avoir à s'en charger. Oui c'était cruel de penser ça, mais pour l'instant il pensait surtout au fait qu'il avait perdu une unité, ce qui n'arrangeait pas les chances de survie de son groupe si la commandante l'affectait à une mission dangereuse.
À moins que ce ne soit lui... le paramètre effrayant. Les gens amorçaient souvent un mouvement de recul en le voyant pour la première fois, voyant son visage lacéré et cet œil blanc qu'ils croyaient aveugle au début.
La survivante grattait à tâtons derrière elle, cherchant sans doute la poignée de la porte... un peu trop à droite. Ce regard horrifié était bel et bien rivé sur le membre de la Défense. À force, il commençait à le comprendre de plus en plus facilement, surtout lorsque ce n'était absolument pas discret comme en cet instant.
« Je vais pas te manger, hein, je ne fais que passer, il y a des chaises alors... Autant en profiter. Si tu flippes dès que tu vois quelqu'un, tu vas pas vraiment t'en sortir. »
Son ton ne s'améliorait pas, mais au moins, ses paroles indiquaient qu'il n'était pas là pour la surveiller ou l'abattre (savoir ça rassurait les gens, en général).
« Vu la tronche que tu tires, tu sors pas souvent, ou alors t'es jamais sortie de cet endroit pourri... Moi je suis parti dès que je le pouvais, les deux fois... »
À ces mots, il passa presque machinalement son pouce le long d'une de ses cicatrices. Bah, pas la peine de raconter sa vie à cette pauvre petite, elle risquerait de lui sauter dessus, l'assommer et lui prendre son arme pour se tirer une balle dans la tête. Non pas qu'il doutait de ses propres capacités à retenir une jeune femme à moitié morte, mais franchement, il pouvait tellement la comprendre si elle souhaitait en finir... Comment lui refuser ?
Laissant ses "blessures de guerre" (même si c'était plutôt une punition pour avoir été un peu trop stupide... mais bon, tout le monde est un peu stupide en temps de "guerre", le terme convenait plus ou moins), Erik passa sa main droite à son poignet gauche, activant son bracelet. L'accessoire qui ressemblait à une montre, sans cadran, s'activa et un hologramme circulaire se déploya autour de sa main, luisant d'une couleur orangée. Brandissant délicatement sa main, il "scanna" la personne devant lui, comme il avait pris l'habitude de faire. Des écritures apparurent bien vite sur l'hologramme qui était incliné de manière à lui donner toutes les informations récoltées.
« Charlie... C'est tout ? Ils n'ont rien noté d'autre... » fit-il en éteignant les hologrammes d'un signe de main particulier.
Il haussa les épaules et se détendit, se mettant un peu plus à l'aise contre le dossier de sa chaise (même si son arme était encore dans son dos... une autre habitude...).
« C'est plutôt bon signe, en fait... Ça veut dire qu'il vont bientôt s'occuper de toi, te dire où tu dois aller et te libérer. Mais j'en ai marre de parler dans l'vent, à toi un peu... Dis-moi quelque chose, ou même pose moi une question, ça sera déjà ça... Mais sautons les étapes un peu trop chiantes, moi c'est Erik, et je bosse pour la Défense. On a déjà tu t'expliquer ce que c'était alors j'entre pas dans les détails. »
Ce n'était pas son boulot de faire le psy pour pour une personne fraîchement transférée, mais il était dans le coin, discuter un peu ne lui coûtait rien. Et sans trop se l'avouer, il essayait de déterminer si cette "Charlie" allait plutôt correspondre à l'Artisanat, à la Santé ou à la Recherche... Parce qu'une épave mouvante comme ça, il ne préférait pas avoir à s'en charger. Oui c'était cruel de penser ça, mais pour l'instant il pensait surtout au fait qu'il avait perdu une unité, ce qui n'arrangeait pas les chances de survie de son groupe si la commandante l'affectait à une mission dangereuse.
- Erik VargasGénéralDétailsHRP
- Administrateur
Re: Couloirs de l'hôpital
Les nouvelles paroles de l’homme armé me stoppèrent net. Il n’était pas là pour me causer du tort, lâcha-t-il avec l’air blasé de ceux qui ont l’habitude d’effrayer. D’après lui, s’il se trouvait à côté de ma porte c’était uniquement due à la présence fortuite d’une chaise. Pour autant, la méfiance ne quittait pas mon regard. Que faisait-il armé dans un hôpital, si ce n’était pas à cause d’un danger, pour surveiller quelqu’un ou quelque chose ?
Il tourna ma frayeur en dérision, jugeant que je ne ferai pas long feu si je ne m’endurcissais pas. Il y avait donc bien quelque chose de dangereux ici, mais j’avais du mal à imaginer ce que cela pouvait être. Qu’y avait-il de plus effrayant que d’être arraché de chez soi ? Je réalisai alors qu’il faisait peut-être référence à ma faiblesse d’esprit. Je m’étais effondrée, dès qu’on m’avait appris que je ne reverrai jamais ma famille. Je n’étais plus qu’une loque depuis. Une loque qui commençait tout juste à sortir la tête de l’eau, grâce à une bouée estropiée.
- Vu la tronche que tu tires, tu sorts pas souvent, enchaina-t-il, ou alors t'es jamais sortie de cet endroit pourri... Moi je suis parti dès que je le pouvais, les deux fois...
A ses mots, son pouce passa sur la longue cicatrice qui lui barrait le visage. Je devinai que la balafre avait un rapport avec lesdites sorties. Quelque chose en moi se glaça. Qu’est-ce qui avait bien pu le défigurer ainsi ?
Le garde jeta un coup d’œil à sa montre et j’eus l’intuition qu’il s’apprêtait à m’annoncer son départ, me laissant seule. Au lieu de cela, une sorte l’hologramme orangé se matérialisa. Il fondit sur moi pour m’engloutir tout entière, ce qui me fit sursauter. Qu’était-ce donc ?!
- Charlie... C'est tout ? Ils n'ont rien noté d'autre...
Tandis qu’il se repositionnait tranquillement sur sa chaise, mes sourcils se froncèrent. Comment pouvait-il savoir ?... Le souvenir d’une soignante m’expliquant qu’une puce très utile m’avait été implanté dans le poignet me revint alors. Mes yeux se baissèrent sur mon poignet où une mince cicatrice rose persistait. Quel était donc cet objet de malheur ? J’avais de plus en plus l’impression d’être dans un de ces films totalitaires où les citoyens, fichés et épiés en permanence, avaient perdu toute liberté. Leur dignité, aussi. Comment vivre enchainé, sous l’emprise d’un système qui vous étouffe ?
Pour autant, mon interlocuteur n’avait pas l’air de ployer sous ce genre de fardeau. Peut-être parce que sa carrure ne le lui permettait pas. Ou peut-être parce que l’oppression que j’imaginais n’existait pas. Il se montra d’ailleurs plutôt rassurant, évoquant ma libération prochaine.
Je n’eus pas le temps d’essayer de comprendre ce que cela signifiait que l’inconnu m’incitait à prendre la parole à mon tour. Il se présenta sous le patronyme d’Erik, travailleur pour la défense. Ce nom m’évoquait vaguement quelque chose. Sans plus. Les soignants m’avaient tellement parlé, alors que je n’étais pas vraiment en état d’écouter, que tout s’emmêlait dans ma tête.
Erik me toisait, dans l’attente d’une réponse. Moi je le regardais sans savoir quoi dire. Il n’y avait rien à dire. J’étais perdue, dans un lieu inconnu, avec des gens inconnus et mutilés. Je n’avais jamais été trop préoccupée par mon apparence, mais j’espérais sincèrement ne pas écoper du même genre de cicatrice. J’avais envie de savoir ce qui avait bien pu lui faire ça, mais je n’osais pas demander. Alors je partis sur autre chose :
- Trrr ..., je me raclai la gorge. Cela faisait trop longtemps que je n’avais dit mot. Je toussai un coup, essayai de reprendre contenance. Tu … C’était mieux. Audible tout du moins. Ma voix enrouée, cassée ne ressemblait en rien à ce qu’elle avait été. J’étais une étrangère à mes propres oreilles.
- Tu es là depuis longtemps ? Je veux dire … Dans ce … dans cette ville ? … Ma voix se brisa.
C’était trop dur à dire. Prononcer les mots rendait la situation réelle, j’étais piégée ici. Les mêmes questions me revenaient sans cesse. Comment ? Pourquoi ? C’était tellement loin des réalités, des certitudes que j’avais acquises durant mon apprentissage de la vie. La magie n’existait pas. La téléportation n’existait pas. Rien de tout cela ne pouvait être réel.
Je baissais les yeux, accablée par mon chagrin. Malgré la douleur qui me déchirait intérieurement un soulagement inattendu sembla s’insinuer en moi. Comme si dire les choses me libérait de cette toile d’illusion que j’avais tissée depuis mon arrivée. Comme si mon cerveau commençait enfin à accepter l’inacceptable. J’étais coincée ici, j’allais devoir vivre ici. Apprendre à connaitre cette ville inconnue, ces gens étrangers.
Bien que toujours sombre, je relevai un œil nouveau vers Eric. Au-delà de la cicatrice, j’y vis une certaine bienveillance. Après tout, il m’avait tendu la main en engageant la conversation. Rien ne l’y obligeait. J’eu envie de lui sourire, en guise de gratitude, mais mes lèvres parvinrent seulement à se tordre dans un rictus douloureux.
L’instinct qui m’avait poussé à sortir de ma chambre me revint alors, plus fort encore.
- Tu me ferais visiter, la ville ?, lâchai-je sans même avoir pris le temps de réfléchir à ce que je lui demandais.
Aussi pathétique que j’avais l’air, avec ma chemise de nuit d’hôpital informe, mes cheveux gras de ne pas m’être lavée et mes jambes encore flageolantes, j’avais envie de sortir. J’avais besoin de sortir, de faire face à la réalité.
Il tourna ma frayeur en dérision, jugeant que je ne ferai pas long feu si je ne m’endurcissais pas. Il y avait donc bien quelque chose de dangereux ici, mais j’avais du mal à imaginer ce que cela pouvait être. Qu’y avait-il de plus effrayant que d’être arraché de chez soi ? Je réalisai alors qu’il faisait peut-être référence à ma faiblesse d’esprit. Je m’étais effondrée, dès qu’on m’avait appris que je ne reverrai jamais ma famille. Je n’étais plus qu’une loque depuis. Une loque qui commençait tout juste à sortir la tête de l’eau, grâce à une bouée estropiée.
- Vu la tronche que tu tires, tu sorts pas souvent, enchaina-t-il, ou alors t'es jamais sortie de cet endroit pourri... Moi je suis parti dès que je le pouvais, les deux fois...
A ses mots, son pouce passa sur la longue cicatrice qui lui barrait le visage. Je devinai que la balafre avait un rapport avec lesdites sorties. Quelque chose en moi se glaça. Qu’est-ce qui avait bien pu le défigurer ainsi ?
Le garde jeta un coup d’œil à sa montre et j’eus l’intuition qu’il s’apprêtait à m’annoncer son départ, me laissant seule. Au lieu de cela, une sorte l’hologramme orangé se matérialisa. Il fondit sur moi pour m’engloutir tout entière, ce qui me fit sursauter. Qu’était-ce donc ?!
- Charlie... C'est tout ? Ils n'ont rien noté d'autre...
Tandis qu’il se repositionnait tranquillement sur sa chaise, mes sourcils se froncèrent. Comment pouvait-il savoir ?... Le souvenir d’une soignante m’expliquant qu’une puce très utile m’avait été implanté dans le poignet me revint alors. Mes yeux se baissèrent sur mon poignet où une mince cicatrice rose persistait. Quel était donc cet objet de malheur ? J’avais de plus en plus l’impression d’être dans un de ces films totalitaires où les citoyens, fichés et épiés en permanence, avaient perdu toute liberté. Leur dignité, aussi. Comment vivre enchainé, sous l’emprise d’un système qui vous étouffe ?
Pour autant, mon interlocuteur n’avait pas l’air de ployer sous ce genre de fardeau. Peut-être parce que sa carrure ne le lui permettait pas. Ou peut-être parce que l’oppression que j’imaginais n’existait pas. Il se montra d’ailleurs plutôt rassurant, évoquant ma libération prochaine.
Je n’eus pas le temps d’essayer de comprendre ce que cela signifiait que l’inconnu m’incitait à prendre la parole à mon tour. Il se présenta sous le patronyme d’Erik, travailleur pour la défense. Ce nom m’évoquait vaguement quelque chose. Sans plus. Les soignants m’avaient tellement parlé, alors que je n’étais pas vraiment en état d’écouter, que tout s’emmêlait dans ma tête.
Erik me toisait, dans l’attente d’une réponse. Moi je le regardais sans savoir quoi dire. Il n’y avait rien à dire. J’étais perdue, dans un lieu inconnu, avec des gens inconnus et mutilés. Je n’avais jamais été trop préoccupée par mon apparence, mais j’espérais sincèrement ne pas écoper du même genre de cicatrice. J’avais envie de savoir ce qui avait bien pu lui faire ça, mais je n’osais pas demander. Alors je partis sur autre chose :
- Trrr ..., je me raclai la gorge. Cela faisait trop longtemps que je n’avais dit mot. Je toussai un coup, essayai de reprendre contenance. Tu … C’était mieux. Audible tout du moins. Ma voix enrouée, cassée ne ressemblait en rien à ce qu’elle avait été. J’étais une étrangère à mes propres oreilles.
- Tu es là depuis longtemps ? Je veux dire … Dans ce … dans cette ville ? … Ma voix se brisa.
C’était trop dur à dire. Prononcer les mots rendait la situation réelle, j’étais piégée ici. Les mêmes questions me revenaient sans cesse. Comment ? Pourquoi ? C’était tellement loin des réalités, des certitudes que j’avais acquises durant mon apprentissage de la vie. La magie n’existait pas. La téléportation n’existait pas. Rien de tout cela ne pouvait être réel.
Je baissais les yeux, accablée par mon chagrin. Malgré la douleur qui me déchirait intérieurement un soulagement inattendu sembla s’insinuer en moi. Comme si dire les choses me libérait de cette toile d’illusion que j’avais tissée depuis mon arrivée. Comme si mon cerveau commençait enfin à accepter l’inacceptable. J’étais coincée ici, j’allais devoir vivre ici. Apprendre à connaitre cette ville inconnue, ces gens étrangers.
Bien que toujours sombre, je relevai un œil nouveau vers Eric. Au-delà de la cicatrice, j’y vis une certaine bienveillance. Après tout, il m’avait tendu la main en engageant la conversation. Rien ne l’y obligeait. J’eu envie de lui sourire, en guise de gratitude, mais mes lèvres parvinrent seulement à se tordre dans un rictus douloureux.
L’instinct qui m’avait poussé à sortir de ma chambre me revint alors, plus fort encore.
- Tu me ferais visiter, la ville ?, lâchai-je sans même avoir pris le temps de réfléchir à ce que je lui demandais.
Aussi pathétique que j’avais l’air, avec ma chemise de nuit d’hôpital informe, mes cheveux gras de ne pas m’être lavée et mes jambes encore flageolantes, j’avais envie de sortir. J’avais besoin de sortir, de faire face à la réalité.
- Charleen ImbachGénéralDétailsHRP
- Administratrice
Re: Couloirs de l'hôpital
Le mouvement de recul induit par la frayeur de la jeune femme semblait s'être arrêté, signifiant par la même occasion qu'Erik avait encore ce petit côté "humain" qui ne le rangeait pas totalement dans la catégorie des monstres... Non parce que ce n'était pas parce qu'il s'était fait labourer la figure à coup de griffes qu'il allait devenir violent et incontrôlable. "Il ne faut pas se fier aux apparences", hein ? Charlie avait de la chance d'être tombé sur lui aujourd'hui, après la triste nouvelle qu'il avait dû encaisser, cela a au moins eu le bon côté d'atténuer son côté trop autoritaire et sérieux pour permettre la conversation.
Difficilement, elle remit en marche sa fonction vocale, comme si cela faisait des jours et des jours qu'elle n'avait pas émis la moindre parole.
- Tu es là depuis longtemps ? Je veux dire … Dans ce … dans cette ville ? …
Son intonation, tous ces sentiments qui débordaient, il n'avait pas besoin de plus d'informations pour être fixé sur la situation de la jeune femme devant lui. La question de celle-ci le troubla un peu : en effet, combien de temps cela faisait-il ?
« Je crois que ça fait plus ou moins trois ans... J'ai arrêté d'y faire attention après la première année, c'est plus la peine, y'a plus important à faire. »
Elle n'était que chagrin... Il avait dit quelque chose de mal ? Non non, elle était déprimée de base, alors ce n'était probablement pas sa faute à lui. Bien sûr, il n'aidait pas vraiment son cas, mais encore une fois, ce n'était pas son job !
- Tu me ferais visiter, la ville ?
Haussant un sourcil, l'ex-militaire jeta furtivement un regard à gauche et à droite, constatant avec horreur l'absence d'aide dans ce foutu couloir. Il allait devoir répondre à cette question en essayant de ne pas être trop brusque.
« Non. »
Ce n'était pas brusque, ça, non ?
« Je n'ai pas que ça à faire, tu sais, je suis un membre de la Défense, mon boulot c'est de te protéger, et pour ça il faut que je sois présent aux postes de surveillance, en patrouille dans la cité, ou bien aux autres points vulnérables. »
Fronçant les sourcils, il sentit comme un fourmillement au niveau de son œil blanc, une sensation à laquelle il s'était habitué, mais à laquelle ses interlocuteurs ne s'attendaient généralement pas : similaire à de l'électricité, une sorte d'étincelle bleuâtre crépita pendant une fraction de seconde tout près de son iris voilà de blanc.
« Une femme est morte il y a quelques heures. Elle était dévouée à la protection des habitants de la cité, à la surveillance, à tout ce qu'il fallait pour que les gens qu'elle appréciait soient en sûreté. »
Autre manifestation magique instable à son œil, cette fois-ci lui provoquant un picotement désagréable. Cela lui indiquait aussi qu'il s'énervait un peu trop malgré son ton calme et posé. Ce serait bête de perdre le contrôle après plusieurs mois sans accident... Secouant légèrement la tête, il ajouta d'un ton compatissant :
« Tu devras trouver quelqu'un d'autre... Ou ne reste jamais seul bien longtemps ici, c'est un des rares points positifs. Avec le fait que tu sois en vie, aussi, faut pas l'oublier. »
Il avait envie de partir, maintenant... Si cette Charlie était encore déprimante, ça risquait de l'énerver davantage : comme il venait de lui dire, elle était en vie. Alors oui c'était une maigre consolation à l'idée d'avoir "tout perdu" en changeant de monde, mais il fallait relativiser, parce que de toute manière elle n'avait pas le choix.
- Erik VargasGénéralDétailsHRP
- Administrateur
Re: Couloirs de l'hôpital
Une syllabe, tranchante. Le mince espoir qui s’était insinué en moi fut déduit en poussière par trois petites lettres meurtrières. J’avais retrouvé la volonté de m’en sortir, de vivre à nouveau, mais voilà qu’on me refusait ce qui m’était apparu comme mon seul salut. De détresse, mon souffle en fut coupé. Un instant, je crus que mes jambes allaient s’écrouler sous mon poids. Elles tinrent bon, pourtant. J’y vis le signe que mon corps tout entier avait décidé de se battre, de ne plus s’écrouler et retomber dans ce coma effrayant empli de solitude, de noirceur et de larmes. Malgré la déception de ne pas recevoir l’aide escompté, je ne renonçais pas.
Erik avait d’autres chats à fouetter, escorter une pauvre fille dans les méandres de la cité ne semblait pas être sa priorité. Je le comprenais. Il devait protéger la ville et veiller à la sécurité. L’arme dans son dos prit tout son sens : il était militaire. Il en avait la carrure, en tout cas, mais pas tout à fait l’accoutrement qui ne ressemblait en rien à un uniforme.
Il enchaina sur l’annonce de la mort d’une femme que je supposai être sa collègue. Bien que je saisisse la tragédie que cela devait être, je ne compris pas tout à fait le rapport avec la situation actuelle.
- Je suis désolée, bafouillais-je un peu mal à l’aise.
Malgré sa voix ferme et en apparence détachée, je perçus la tristesse dans le regard borgne d’Erik. Ils étaient peut-être proches, songeais-je. Mes sourcils se relevèrent brusquement lorsqu’il me sembla apercevoir un éclair bleu dans son œil mort. Cela n’avait duré qu’une fraction de seconde et mon cerveau conclu directement à une hallucination.
Ce bug cérébral fut rapidement balayé par la reprise de parole du soldat.
- Tu devras trouver quelqu'un d'autre... Ou ne reste jamais seul bien longtemps ici, c'est un des rares points positifs. Avec le fait que tu sois en vie, aussi, faut pas l'oublier.
L’idée d’être à nouveau entourée aurait dû me donner du baume au cœur mais je restais sceptique. Le fait d’être en vie ne représentait pas plus de motif de réjouissance. Certes, mon cœur battait toujours et ma cage thoracique se soulevait à intervalles réguliers. Toutes mes fonctions vitales étaient au vert. Oui, j’étais en vie, mais dans quelles conditions ?
La vie ne pouvait pas se résumer à un simple et heureux « dormir, manger ». Les êtres humains avaient besoin d’interactions sociales fortes, moi plus que quiconque. De petits plaisirs de la vie, pour ne pas dépérir à petit feu. Pour l’heure, je n’étais absolument pas convaincue que cette nouvelle ville puisse m’offrir cela. Mais ça ne coûtait rien d’essayer.
Je ne savais que répondre aux paroles d’Erik et mes yeux retrouvèrent le parquet usé du couloir. Je me sentais un peu comme une enfant, à qui l’on venait d’expliquer que son caprice n’était pas réalisable. Tout n’était qu’une succession de sentiments désagréables. Désespoir, tristesse, peur, frustration, honte … Cela s’arrêterait-il un jour ?
- Mmmh, j’essaierai, oui, répondis-je penaude.
Je me balançais d’un pied à l’autre sans savoir quoi faire. J’avais envisagé d’aller visiter l’hôpital, seule, mais je n’étais plus sure d’en avoir encore envie. J’étais vannée alors même que je n’avais parcouru que quelques mètres. Je préférai revoir mon objectif à la baisse. Plutôt que d’aller arpenter les rues, je pourrais m’installer devant la fenêtre et observer les environs. Cela me permettrait peut-être de commencer à découvrir la ville et son fonctionnement. Un peu comme dans les films muets que mes parents m’avaient fait voir durant mon enfance. La couleur en plus.
- Charlie ?!, s’éleva une voix dans mon dos, ce qui me fit sursauter.
C’était l’infirmière qui s’occupait de moi depuis mon arrivée. Elle avait les sourcils relevés en une expression de surprise et j’eu peur un instant d’avoir fait une bêtise.
- Je suis contente de voir que tu es sortie de ton lit !, reprit-elle. Est-ce que tu veux marcher un peu ?
Une douce chaleur me réchauffa les veines. Pour la première fois j’eus l’impression d’éprouver à nouveau un sentiment positif. C’était peut-être elle mon guide, le soutien dont j’avais terriblement besoin. Elle s’était montrée tellement patiente avec moi. Elle m’avait fait manger quand je n’en avais moi-même plus la force. Un souvenir qui ramena quelque peu mon malaise : j’avais passé l’âge des petits pots pour bébé. Je refoulais néanmoins ce sentiment désagréable pour me recentrer sur le positif et après une seconde d’hésitation, j’acquiesçai.
Prévoyante, l’infirmière me prit par le bras. Alors que nous nous commencions à marcher, elle sembla remarquer Erik.
- Vous attendez quelqu’un ?, lui demanda-t-elle, prête à le renseigner.
Erik avait d’autres chats à fouetter, escorter une pauvre fille dans les méandres de la cité ne semblait pas être sa priorité. Je le comprenais. Il devait protéger la ville et veiller à la sécurité. L’arme dans son dos prit tout son sens : il était militaire. Il en avait la carrure, en tout cas, mais pas tout à fait l’accoutrement qui ne ressemblait en rien à un uniforme.
Il enchaina sur l’annonce de la mort d’une femme que je supposai être sa collègue. Bien que je saisisse la tragédie que cela devait être, je ne compris pas tout à fait le rapport avec la situation actuelle.
- Je suis désolée, bafouillais-je un peu mal à l’aise.
Malgré sa voix ferme et en apparence détachée, je perçus la tristesse dans le regard borgne d’Erik. Ils étaient peut-être proches, songeais-je. Mes sourcils se relevèrent brusquement lorsqu’il me sembla apercevoir un éclair bleu dans son œil mort. Cela n’avait duré qu’une fraction de seconde et mon cerveau conclu directement à une hallucination.
Ce bug cérébral fut rapidement balayé par la reprise de parole du soldat.
- Tu devras trouver quelqu'un d'autre... Ou ne reste jamais seul bien longtemps ici, c'est un des rares points positifs. Avec le fait que tu sois en vie, aussi, faut pas l'oublier.
L’idée d’être à nouveau entourée aurait dû me donner du baume au cœur mais je restais sceptique. Le fait d’être en vie ne représentait pas plus de motif de réjouissance. Certes, mon cœur battait toujours et ma cage thoracique se soulevait à intervalles réguliers. Toutes mes fonctions vitales étaient au vert. Oui, j’étais en vie, mais dans quelles conditions ?
La vie ne pouvait pas se résumer à un simple et heureux « dormir, manger ». Les êtres humains avaient besoin d’interactions sociales fortes, moi plus que quiconque. De petits plaisirs de la vie, pour ne pas dépérir à petit feu. Pour l’heure, je n’étais absolument pas convaincue que cette nouvelle ville puisse m’offrir cela. Mais ça ne coûtait rien d’essayer.
Je ne savais que répondre aux paroles d’Erik et mes yeux retrouvèrent le parquet usé du couloir. Je me sentais un peu comme une enfant, à qui l’on venait d’expliquer que son caprice n’était pas réalisable. Tout n’était qu’une succession de sentiments désagréables. Désespoir, tristesse, peur, frustration, honte … Cela s’arrêterait-il un jour ?
- Mmmh, j’essaierai, oui, répondis-je penaude.
Je me balançais d’un pied à l’autre sans savoir quoi faire. J’avais envisagé d’aller visiter l’hôpital, seule, mais je n’étais plus sure d’en avoir encore envie. J’étais vannée alors même que je n’avais parcouru que quelques mètres. Je préférai revoir mon objectif à la baisse. Plutôt que d’aller arpenter les rues, je pourrais m’installer devant la fenêtre et observer les environs. Cela me permettrait peut-être de commencer à découvrir la ville et son fonctionnement. Un peu comme dans les films muets que mes parents m’avaient fait voir durant mon enfance. La couleur en plus.
- Charlie ?!, s’éleva une voix dans mon dos, ce qui me fit sursauter.
C’était l’infirmière qui s’occupait de moi depuis mon arrivée. Elle avait les sourcils relevés en une expression de surprise et j’eu peur un instant d’avoir fait une bêtise.
- Je suis contente de voir que tu es sortie de ton lit !, reprit-elle. Est-ce que tu veux marcher un peu ?
Une douce chaleur me réchauffa les veines. Pour la première fois j’eus l’impression d’éprouver à nouveau un sentiment positif. C’était peut-être elle mon guide, le soutien dont j’avais terriblement besoin. Elle s’était montrée tellement patiente avec moi. Elle m’avait fait manger quand je n’en avais moi-même plus la force. Un souvenir qui ramena quelque peu mon malaise : j’avais passé l’âge des petits pots pour bébé. Je refoulais néanmoins ce sentiment désagréable pour me recentrer sur le positif et après une seconde d’hésitation, j’acquiesçai.
Prévoyante, l’infirmière me prit par le bras. Alors que nous nous commencions à marcher, elle sembla remarquer Erik.
- Vous attendez quelqu’un ?, lui demanda-t-elle, prête à le renseigner.
- Charleen ImbachGénéralDétailsHRP
- Administratrice
Re: Couloirs de l'hôpital
- Mmmh, j’essaierai, oui
Peut-être fallait-il être un peu plus "doux" avec quelqu'un qui venait tout juste d'arriver, non ? D'un autre côté, s'il avait été promu au rang de sergent, c'était grâce à son pragmatisme, son autorité et peut être aussi à son potentiel explosif qui dissuadait parfois certains d'en faire qu'à leur tête. La douceur, c'était pas vraiment un aspect qui était très sollicité chez lui.
Haussant les épaules, il lâcha :
« T'en fais pas, ça va s'arranger. »
Quelques instants après, la porte s'ouvrit derrière la jeune femme et une autre femme fit irruption dans le couloir : au vu de son visage et de son air général, il s'agissait d'une membre du secteur de la Santé, vu qu'elle n'avait pas l'air mal en point ou complètement déprimée par un récent transfert.
- Charlie ? Je suis contente de voir que tu es sortie de ton lit ! Est-ce que tu veux marcher un peu ?
Les suspicions de l'ex-militaire se confirmèrent donc à ces paroles et à l'attention particulière de la femme pour la pauvre transférée récemment. Lui n'aurait pas la patience, ça non. Trois claques, remets-toi sinon tu vas crever, et en route. Il était content que lorsqu'on lui affectait de nouvelles recrues, ces personnes aient déjà fait plus ou moins le "deuil" de leur ancienne vie.
D'ailleurs, "l'infirmière" lui disait vaguement quelque chose : était-ce elle qui s'était occupé de lui après une de ses nombreuses méchantes blessures ? Bah, nan, sinon elle l'aurait probablement reconnu. Il avait "la chance" d'avoir un attrait physique facilement reconnaissable.
- Vous attendez quelqu'un ?
Se redressant lentement de sa chaise, il soupira et répondit tout simplement, sans animosité.
« Non, je vais retourner au Siège. »
D'un bref mouvement de tête, il salua les deux femmes et emprunta le couloir en direction de la sortie. Bon, maintenant il fallait bosser pour éviter qu'une autre mort au sein de son groupe de combattants ne se reproduise... Ou du moins pour une période de temps la plus grande possible, car il ne fallait pas se leurrer.
Peut-être fallait-il être un peu plus "doux" avec quelqu'un qui venait tout juste d'arriver, non ? D'un autre côté, s'il avait été promu au rang de sergent, c'était grâce à son pragmatisme, son autorité et peut être aussi à son potentiel explosif qui dissuadait parfois certains d'en faire qu'à leur tête. La douceur, c'était pas vraiment un aspect qui était très sollicité chez lui.
Haussant les épaules, il lâcha :
« T'en fais pas, ça va s'arranger. »
Quelques instants après, la porte s'ouvrit derrière la jeune femme et une autre femme fit irruption dans le couloir : au vu de son visage et de son air général, il s'agissait d'une membre du secteur de la Santé, vu qu'elle n'avait pas l'air mal en point ou complètement déprimée par un récent transfert.
- Charlie ? Je suis contente de voir que tu es sortie de ton lit ! Est-ce que tu veux marcher un peu ?
Les suspicions de l'ex-militaire se confirmèrent donc à ces paroles et à l'attention particulière de la femme pour la pauvre transférée récemment. Lui n'aurait pas la patience, ça non. Trois claques, remets-toi sinon tu vas crever, et en route. Il était content que lorsqu'on lui affectait de nouvelles recrues, ces personnes aient déjà fait plus ou moins le "deuil" de leur ancienne vie.
D'ailleurs, "l'infirmière" lui disait vaguement quelque chose : était-ce elle qui s'était occupé de lui après une de ses nombreuses méchantes blessures ? Bah, nan, sinon elle l'aurait probablement reconnu. Il avait "la chance" d'avoir un attrait physique facilement reconnaissable.
- Vous attendez quelqu'un ?
Se redressant lentement de sa chaise, il soupira et répondit tout simplement, sans animosité.
« Non, je vais retourner au Siège. »
D'un bref mouvement de tête, il salua les deux femmes et emprunta le couloir en direction de la sortie. Bon, maintenant il fallait bosser pour éviter qu'une autre mort au sein de son groupe de combattants ne se reproduise... Ou du moins pour une période de temps la plus grande possible, car il ne fallait pas se leurrer.
- Erik VargasGénéralDétailsHRP
- Administrateur
Re: Couloirs de l'hôpital
J’en trépignais d’impatience, à l’idée de quitter cette chambre lugubre ainsi que ce couloir déprimant. Intérieurement, tout du moins. Mes jambes étaient un peu lourdes mais je feignais de ne pas les entendre protester. Je m’étais laissée aller trop longtemps et j’étais bien décidée à me reprendre. J’avais l’impression qu’en luttant contre ma fatigue, je lutais également contre ma déprime. Mon bagout habituel me manquait et je voulais le retrouver. Ce qui était auparavant naturel pour moi me semblait maintenant difficile. Je n’avais jamais eu de mal à entamer la conversation avec qui que ce soit, mais je m’étais retrouvé démunie de mots devant ce soldat. En perdant mes proches, j’espérais ne pas m’être perdue moi-même.
Je répondis au départ d’Erik de même signe de tête, esquissant un sourire difficile. Même cela, je n’étais plus capable de l’exécuter correctement. J’étais à peu près persuadée que ça ressemblait plus à une grimace douloureuse qu’à autre chose. Comble du malheur, je n’avais même pas de miroir pour m’entrainer. Je m’imaginai un instant, devant mon propre reflet, à améliorer ma compétence charisme comme dans les Sims. Noté : trouver un miroir. Et, de façon plus générale, une salle de bain. Je ne savais pas depuis combien de temps je n’avais pas pris de douche mais je réalisais à présent que je me sentais toute poisseuse.
L’infirmière lança la marche et je la suivis, mes jambes flageolantes soutenues par son bras sécurisant. Je lui jetai un coup d’œil en coin je n’arrivais pas à me souvenir si elle m’avait dit son nom. Peut-être à notre première rencontre mais le tsunami qui s’était abattu sur moi à l’annonce de mon transfert avait tout emporté.
- Je suis désolée, j’ai oublié ton nom, confessai-je. Nouveau coup d’œil furtif pour vérifier sa réaction. RAS.
- Sajni, répondit-elle simplement.
J’acquiesçai en tâchant de l’enregistrer, puis j’enchainai :
- C’est de quelle origine ?
- Indien.
Nous continuâmes ainsi quelques mètres, tout en discutant, puis elle me reconduit à ma chambre où je retrouvai mon lit non sans un certain soulagement. Sajmi non plus n’avait pas le temps de me faire visiter la cité. Les gens semblaient bien occupés par ici. Tant pis. De toute façon, je n’étais pas sure que mes jambes auraient tenu le coup. De ce que je pouvais voir de la ville à travers la fenêtre, le relief semblait montagneux et j’étais encore un peu faible.
Je répondis au départ d’Erik de même signe de tête, esquissant un sourire difficile. Même cela, je n’étais plus capable de l’exécuter correctement. J’étais à peu près persuadée que ça ressemblait plus à une grimace douloureuse qu’à autre chose. Comble du malheur, je n’avais même pas de miroir pour m’entrainer. Je m’imaginai un instant, devant mon propre reflet, à améliorer ma compétence charisme comme dans les Sims. Noté : trouver un miroir. Et, de façon plus générale, une salle de bain. Je ne savais pas depuis combien de temps je n’avais pas pris de douche mais je réalisais à présent que je me sentais toute poisseuse.
L’infirmière lança la marche et je la suivis, mes jambes flageolantes soutenues par son bras sécurisant. Je lui jetai un coup d’œil en coin je n’arrivais pas à me souvenir si elle m’avait dit son nom. Peut-être à notre première rencontre mais le tsunami qui s’était abattu sur moi à l’annonce de mon transfert avait tout emporté.
- Je suis désolée, j’ai oublié ton nom, confessai-je. Nouveau coup d’œil furtif pour vérifier sa réaction. RAS.
- Sajni, répondit-elle simplement.
J’acquiesçai en tâchant de l’enregistrer, puis j’enchainai :
- C’est de quelle origine ?
- Indien.
Nous continuâmes ainsi quelques mètres, tout en discutant, puis elle me reconduit à ma chambre où je retrouvai mon lit non sans un certain soulagement. Sajmi non plus n’avait pas le temps de me faire visiter la cité. Les gens semblaient bien occupés par ici. Tant pis. De toute façon, je n’étais pas sure que mes jambes auraient tenu le coup. De ce que je pouvais voir de la ville à travers la fenêtre, le relief semblait montagneux et j’étais encore un peu faible.
[Fin du RP]
- Charleen ImbachGénéralDétailsHRP
- Administratrice
Re: Couloirs de l'hôpital
Une drôle de découverte
PV avec Charleen Imbach
PV avec Charleen Imbach
Comme un lion en cage, je tournais et virais dans la pièce qui me servait de chambre. Seulement quelques jours s'étaient écoulés depuis mon réveil et je n'en pouvais déjà plus de rester dans cet hôpital. Lieu où mes seules occupations pour l'instant étaient le repos et des légers exercices.
Selon les médecins je pourraient bientôt rejoindre la cabane. Tel était le nom de mon nouveau chez moi. Dans ce nouveau monde qui m'était encore inconnu. Bizarrement, c'était peut-être le côté psychologique avec le changement d'environnement brutal et la perte de tout mes piliers qui m'avait plus affecté que ma longue hibernation. Mais je n'avais pas le choix de faire avec. Je ne pouvais malheureusement point retourner chez moi. Il me fallait m'habituer à cette nouvelle vie qui m'attendait.
Au fond de moi je n'avais qu'une envie rentrer. Qu'on me dise que tout cela n'était qu'une blague. Rigoler un bon coup. Se réveiller dans la bonne réalité. Plus je cogitais, plus mes pensées s'emmêlaient et plus mes pas s'accéléraient. Ma vue commençait petit à petit à se brouiller. Les larmes montant doucement. J'évitais de craquer devant les médecins. Tentant de rester forte. Mais plus je restais ici, seule entre ces quatre murs de chambre d'hôpital plus je me sentais mal. Ou plutôt je réalisais que ma vie ne serait plus la même. Cependant je ne voulais point me l'avouer.
Sentiments qui se troublaient, se bousculaient. Je continuais à marcher traversant la pièce en long et en large. Repensant aux moments avec ma famille mais aussi à la sortie. Les couloirs de ce bâtiment que j'avais emprunté quelques fois. Il fallait que je sorte. Dans quelques jours je serais dehors. Il fallait que je sois patiente. Qualité que je n'avais malheureusement point hérité de ma mère.
Soudain, je sentis le sol se dérober sous mes pieds. Le noir. Le vide. Un clignement d'oeil et me voila ailleurs. Les yeux grands ouverts. La tête tournant. Main contre le premier mur à portée cherchant un appui. Un peu d'équilibre. Chose dont je manquais bizarrement sur l'instant. Tout comme mon souffle qui s'en était allé. Me laissant respirer difficilement. La crise de panique montant. Un cumul d'émotions indiscernables. Je ne savais pas où j'étais. Je distinguais seulement une forme floue face à moi. Ma vision brouillée par les larmes.
Je tentais de me calmer. Mais je n'y arrivais pas. Cette sensation de nausée n'arrangeant pas les choses. Que m'arrivait-il?
- Mathilda KarterGénéralDétailsHRP
Re: Couloirs de l'hôpital
- … Nobody beat us ♪
Fry us and eat US
In fricasseeee
We what the land folks loves to cook ♫
♪ Under the sea we off the hook
We got no troubles
Life is the bubbles ♬
Under the seaaaaa !!!...
Je m’amusais comme une petite folle. Qui aurait pu croire que le ménage serait aussi distrayant ? Sur terre, cette corvée ne me dérangeait pas mais ce n’était pas non plus une passion. Ici, cela me convenait parfaitement. C’était bien mieux que mes deux précédents postes – soins, puis réveil –. Je faisais ma vie, tranquillou bilou. Je croisais peu de monde, et dans les endroits isolés je pouvais chanter à tue-tête.
Mes rencontres successives avec Velhelm puis Thomas me redonnaient espoir et joie de vivre. Je n’étais plus le fantôme blafard qui hantait les couloirs, effrayée ou effondrée à chaque obstacle. Même si tout ce que j’avais de plus cher au monde m’avait été retiré, je voulais continuer à vivre pour me laisser la chance de les revoir un jour. Et puis, j’avais acquis la certitude qu’ils n’auraient pas voulu que je me laisse dépérir. Alors j’avais repris le dessus, doucement. Ma première victoire fut obtenue contre mes glandes lacrymales qui ne s’activaient plus pour un oui ou pour un non. C’était déjà ça.
Alors que j’étais en train de me trémousser au rythme d’une musique qui ne passait que dans ma tête, une jeune femme apparut juste devant moi. Même si j’étais relativement habituée aux diverses manifestations de magie, je dois bien avouer que cela me fit un sacré choc ; J’en fis tomber mon balai. Rien de plus qu’une grosse surprise, en fait, comme lorsque quelqu’un vous sort de vos pensées alors que vous étiez là-bas, loin, loin, dans les méandres de votre cerveau. Le truc, c’est que la surprise passée ne laissa pas place au classique « Ah, c’est toi ! Tu m’as fait peur ! ». Une panique qui ne semblait pas être la mienne s’insinuai en moi.
La jeune femme qui venait d’apparaitre avait l’air drôlement mal en point. Appuyée contre le mur, elle respirait difficilement. Venait-elle de fuir une attaque de monstre ? Je m’approchai d’elle à contre cœur, redoutant la vision d’une plaie sanguinolente. Pas de trace du liquide rouge et poisseux.
- ça va ? Demandai-je alors que j’étais moi-même sur le point de céder à la panique, sans raison apparente puisqu’elle n’avait pas l’air blessée. Je tentais de repousser cette drôle de sensation, de maitriser ma respiration qui était devenue saccadée.
Je la sentais incapable de me répondre, comme si elle était en train de faire une crise d’asthme ou un truc du genre. Sans être médecin, je savais comment réagir dans ces moments-là, pour l’avoir vu : faire respirer la personne dans une poche. Problème : je n’avais pas de poche. Alors je fis la première chose qui me vint à l’esprit :
- Calme toi, essaie de respirer doucement, on va pas y arriver sinon. Je plaçai une main son épaule et l’autre sur son ventre pour lui montrer le mouvement et le rythme. Inspire … huuuum, expire … fffffff, inspire …
Et je poursuivai comme ça, en espérant qu’elle se focalise sur ma voix et qu’elle suive mes consignes. De mon côté, je ressentais déjà les effets positifs de la respiration lente et profonde. L’angoisse qui m’avait envahie me quittait peu à peu.
Pour ce coup-là, je pourrai remercier Velhelm. C’était exactement ce qu’il avait fait la première fois que j’avais gouté la viande de Pamulien et que mon double était apparu en face de moi. Une drôle d’impression. Etait-ce ce que venait de vivre la jeune femme, la découverte de ses pouvoirs ?
Fry us and eat US
In fricasseeee
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♪ Under the sea we off the hook
We got no troubles
Life is the bubbles ♬
Under the seaaaaa !!!...
Je m’amusais comme une petite folle. Qui aurait pu croire que le ménage serait aussi distrayant ? Sur terre, cette corvée ne me dérangeait pas mais ce n’était pas non plus une passion. Ici, cela me convenait parfaitement. C’était bien mieux que mes deux précédents postes – soins, puis réveil –. Je faisais ma vie, tranquillou bilou. Je croisais peu de monde, et dans les endroits isolés je pouvais chanter à tue-tête.
Mes rencontres successives avec Velhelm puis Thomas me redonnaient espoir et joie de vivre. Je n’étais plus le fantôme blafard qui hantait les couloirs, effrayée ou effondrée à chaque obstacle. Même si tout ce que j’avais de plus cher au monde m’avait été retiré, je voulais continuer à vivre pour me laisser la chance de les revoir un jour. Et puis, j’avais acquis la certitude qu’ils n’auraient pas voulu que je me laisse dépérir. Alors j’avais repris le dessus, doucement. Ma première victoire fut obtenue contre mes glandes lacrymales qui ne s’activaient plus pour un oui ou pour un non. C’était déjà ça.
Alors que j’étais en train de me trémousser au rythme d’une musique qui ne passait que dans ma tête, une jeune femme apparut juste devant moi. Même si j’étais relativement habituée aux diverses manifestations de magie, je dois bien avouer que cela me fit un sacré choc ; J’en fis tomber mon balai. Rien de plus qu’une grosse surprise, en fait, comme lorsque quelqu’un vous sort de vos pensées alors que vous étiez là-bas, loin, loin, dans les méandres de votre cerveau. Le truc, c’est que la surprise passée ne laissa pas place au classique « Ah, c’est toi ! Tu m’as fait peur ! ». Une panique qui ne semblait pas être la mienne s’insinuai en moi.
La jeune femme qui venait d’apparaitre avait l’air drôlement mal en point. Appuyée contre le mur, elle respirait difficilement. Venait-elle de fuir une attaque de monstre ? Je m’approchai d’elle à contre cœur, redoutant la vision d’une plaie sanguinolente. Pas de trace du liquide rouge et poisseux.
- ça va ? Demandai-je alors que j’étais moi-même sur le point de céder à la panique, sans raison apparente puisqu’elle n’avait pas l’air blessée. Je tentais de repousser cette drôle de sensation, de maitriser ma respiration qui était devenue saccadée.
Je la sentais incapable de me répondre, comme si elle était en train de faire une crise d’asthme ou un truc du genre. Sans être médecin, je savais comment réagir dans ces moments-là, pour l’avoir vu : faire respirer la personne dans une poche. Problème : je n’avais pas de poche. Alors je fis la première chose qui me vint à l’esprit :
- Calme toi, essaie de respirer doucement, on va pas y arriver sinon. Je plaçai une main son épaule et l’autre sur son ventre pour lui montrer le mouvement et le rythme. Inspire … huuuum, expire … fffffff, inspire …
Et je poursuivai comme ça, en espérant qu’elle se focalise sur ma voix et qu’elle suive mes consignes. De mon côté, je ressentais déjà les effets positifs de la respiration lente et profonde. L’angoisse qui m’avait envahie me quittait peu à peu.
Pour ce coup-là, je pourrai remercier Velhelm. C’était exactement ce qu’il avait fait la première fois que j’avais gouté la viande de Pamulien et que mon double était apparu en face de moi. Une drôle d’impression. Etait-ce ce que venait de vivre la jeune femme, la découverte de ses pouvoirs ?
Dernière édition par Charleen Imbach le Ven 15 Sep 2017 - 17:55, édité 1 fois
- Charleen ImbachGénéralDétailsHRP
- Administratrice
Re: Couloirs de l'hôpital
Une voix. La vision toujours troublée. Brouillée par les larmes. Un mal de crâne m’empêchant de me concentrer. De comprendre les mots sortant de la bouche de l'inconnue. Personne ayant posée ses mains sur mes épaules. Surprise sur mon visage. Une sensation. Une preuve que ce qui s'était passé n'était pas un rêve.
Quelque chose. Une petite voix au fond de moi me demandait de me calmer. A moins que cela ne soit cette jeune femme que je devinais faisant partie de l'hôpital. J'essayais de suivre sa respiration. Ses consignes. Mais l'envie d'espace. D'un échappatoire était trop grande. Je sentais mon esprit partir de nouveau vers un bout de lumière derrière la personne qui tentait de m'aider.
J'avais l'impression que mon esprit avait déjà rejoint ce lieu. Mon corps lui hésitant. Fatigué surement. Me toucher devenait difficile pour ne pas dire impossible. Un regard sur mes membres qui se floutaient. Non plutôt on aurait une image s'évaporant. Etant là et en même temps pas là. Une sorte d'entre deux. Comme si une part de essayait de contrôler une chose qui me dépassait.
Peur. Surprise. Angoisse. Voilà ce qui remplaçait maintenant les larmes, yeux rivés sur l'inconnue. Une demande d'aide informulée. Et bizarrement, mon attention figé sur elle. Esprit et corps ne vagabondant plus entre deux. La photographie de nouveau nette, palpable. Impossible de définir cette sensation nouvelle. Seul un murmure s'envolant.
-Je...Qu'est ce qui m'arrive?
Quelque chose. Une petite voix au fond de moi me demandait de me calmer. A moins que cela ne soit cette jeune femme que je devinais faisant partie de l'hôpital. J'essayais de suivre sa respiration. Ses consignes. Mais l'envie d'espace. D'un échappatoire était trop grande. Je sentais mon esprit partir de nouveau vers un bout de lumière derrière la personne qui tentait de m'aider.
J'avais l'impression que mon esprit avait déjà rejoint ce lieu. Mon corps lui hésitant. Fatigué surement. Me toucher devenait difficile pour ne pas dire impossible. Un regard sur mes membres qui se floutaient. Non plutôt on aurait une image s'évaporant. Etant là et en même temps pas là. Une sorte d'entre deux. Comme si une part de essayait de contrôler une chose qui me dépassait.
Peur. Surprise. Angoisse. Voilà ce qui remplaçait maintenant les larmes, yeux rivés sur l'inconnue. Une demande d'aide informulée. Et bizarrement, mon attention figé sur elle. Esprit et corps ne vagabondant plus entre deux. La photographie de nouveau nette, palpable. Impossible de définir cette sensation nouvelle. Seul un murmure s'envolant.
-Je...Qu'est ce qui m'arrive?
- Mathilda KarterGénéralDétailsHRP
Re: Couloirs de l'hôpital
Je n’étais manifestement pas d’une efficacité redoutable pour calmer les gens. Mes paroles avaient pourtant semblé l’apaiser, durant un court instant. Elle avait suivi ma respiration, puis elle s’était évaporée. Dans tous les sens de terme. Mes doigts qui, jusqu’alors, touchaient un tissu se retrouvèrent dans le vide. Pourtant je la voyais encore plus ou moins. Plutôt moins que plus en fait. Elle était complètement floue, vaporeuse.
Je me reculai précipitamment, en proie à la même inquiétude qu’elle. Sans doute pas aussi forte, car ce n’était pas moi qui était en train de me dématérialiser ! Aucun doute, ses pouvoirs étaient à l’œuvre. Les flux magiques qui la traversaient s’agitaient et je craignais que tout cela ne devienne dangereux. J’avais eu un petit aperçu de ce que pouvaient donner des pouvoirs mal maitrisés, avec Kanwé et Benjamin. Je redoutais ce qu’il pourrait m’arriver, d’autant plus que je n’avais rien pour me défendre ! Pas de pouvoir super badasse, à mon grand désespoir.
Je ne savais pas quoi faire. J’aurais bien pris mes jambes à mon coup, mais je ne pouvais pas la laisser ainsi, livrée à elle-même. Pourtant, je n’étais d’aucune utilité : je n’étais en mesure ni de me protéger ni de l’aider. Comment se défendre contre la magie sans magie ? Etait-il possible de la canaliser d’une façon ou d’une autre pour arriver à maitriser une « crise » ? Mais surtout : arrivait-il que certains nouveaux se tuent avec leurs pouvoirs tout neufs ? Cette idée me glaça et je préférai la chasser de mon esprit à grand coup de balai. D’ailleurs, elle avait l’air de reprendre le contrôle. Ma vue s’était ajustée, la jeune femme était de nouveau nette. Tout comme son expression de terreur.
- Je...Qu'est ce qui m'arrive ?, parvint-elle à articuler.
Ses mots firent place au silence. Je l’observais avec de grands yeux sans savoir quoi répondre. Je sentais la peur au plus profond de mes entrailles. Je guettant une nouvelle crise, redoutant une catastrophe. C’était quoi son pouvoir ? Elle était apparue d’un coup, comme ça. Du coup, j’aurais dit téléportation. Mais son évaporation de tout à l’heure, c’était plus que troublant. J’imaginais ça comme dans les films, à un moment on est là, et à un autre : disparut ! Sans entre-deux. Mais je ne savais pas tout. Ce que je savais, en revanche, c’était qu’elle avait besoin d’aide – et moi aussi d’ailleurs. Alors je me fis violence pour sortir de ma torpeur et essayer de prendre une voix à la fois assurée et rassurante. Le résultat ne fut pas aussi bon qu’escompté :
- C’est … Euh … Ton pouvoir je suppose … Tu sais tu … Quand tu arrives ici tu développes des pouvoirs euh, magiques ... On a du te le dire à ton réveil, non ?
À moins qu’elle vienne tout juste de se réveiller auquel cas la situation risquait d’être autrement plus problématique. J’en avais vécu quelques-uns, des réveils, et je n’étais pas sure d’être prête à recommencer. C’était panique, cris et larmes assurées.
- C’est parfaitement normal en tout cas, ne t’inquiète pas. Il faudra juste que tu apprennes à le contrôler. Mais il y aura des personnes pour t’aider.
Rien n’était moins sur. L’entraide, dans cette ville, n’était pas ce qui fonctionnait le mieux.
Je me reculai précipitamment, en proie à la même inquiétude qu’elle. Sans doute pas aussi forte, car ce n’était pas moi qui était en train de me dématérialiser ! Aucun doute, ses pouvoirs étaient à l’œuvre. Les flux magiques qui la traversaient s’agitaient et je craignais que tout cela ne devienne dangereux. J’avais eu un petit aperçu de ce que pouvaient donner des pouvoirs mal maitrisés, avec Kanwé et Benjamin. Je redoutais ce qu’il pourrait m’arriver, d’autant plus que je n’avais rien pour me défendre ! Pas de pouvoir super badasse, à mon grand désespoir.
Je ne savais pas quoi faire. J’aurais bien pris mes jambes à mon coup, mais je ne pouvais pas la laisser ainsi, livrée à elle-même. Pourtant, je n’étais d’aucune utilité : je n’étais en mesure ni de me protéger ni de l’aider. Comment se défendre contre la magie sans magie ? Etait-il possible de la canaliser d’une façon ou d’une autre pour arriver à maitriser une « crise » ? Mais surtout : arrivait-il que certains nouveaux se tuent avec leurs pouvoirs tout neufs ? Cette idée me glaça et je préférai la chasser de mon esprit à grand coup de balai. D’ailleurs, elle avait l’air de reprendre le contrôle. Ma vue s’était ajustée, la jeune femme était de nouveau nette. Tout comme son expression de terreur.
- Je...Qu'est ce qui m'arrive ?, parvint-elle à articuler.
Ses mots firent place au silence. Je l’observais avec de grands yeux sans savoir quoi répondre. Je sentais la peur au plus profond de mes entrailles. Je guettant une nouvelle crise, redoutant une catastrophe. C’était quoi son pouvoir ? Elle était apparue d’un coup, comme ça. Du coup, j’aurais dit téléportation. Mais son évaporation de tout à l’heure, c’était plus que troublant. J’imaginais ça comme dans les films, à un moment on est là, et à un autre : disparut ! Sans entre-deux. Mais je ne savais pas tout. Ce que je savais, en revanche, c’était qu’elle avait besoin d’aide – et moi aussi d’ailleurs. Alors je me fis violence pour sortir de ma torpeur et essayer de prendre une voix à la fois assurée et rassurante. Le résultat ne fut pas aussi bon qu’escompté :
- C’est … Euh … Ton pouvoir je suppose … Tu sais tu … Quand tu arrives ici tu développes des pouvoirs euh, magiques ... On a du te le dire à ton réveil, non ?
À moins qu’elle vienne tout juste de se réveiller auquel cas la situation risquait d’être autrement plus problématique. J’en avais vécu quelques-uns, des réveils, et je n’étais pas sure d’être prête à recommencer. C’était panique, cris et larmes assurées.
- C’est parfaitement normal en tout cas, ne t’inquiète pas. Il faudra juste que tu apprennes à le contrôler. Mais il y aura des personnes pour t’aider.
Rien n’était moins sur. L’entraide, dans cette ville, n’était pas ce qui fonctionnait le mieux.
- Charleen ImbachGénéralDétailsHRP
- Administratrice
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