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[PV] Choc et coup de griffe

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Message par Erik Vargas Mer 22 Juin 2016 - 15:38

[ Flashback : An 47 ]


Une brise fraîche s'engouffra dans la salle, venant titiller les sens du jeune homme qui s'éveillait tout juste : avait-il oublié de fermer la fenêtre de l'abri ? Quelle était cette odeur ? Cela ressemblait à du charbon de bois... Probablement les ouvriers du chantier voisin qui se faisaient des grillades...

« Oh shit... » grogna-t-il. 

Si les travailleurs préparaient leur casse-croûte, cela signifiait qu'il était déjà midi... Cela ne lui ressemblait pas de dormir jusqu'à une heure aussi tardive, il avait toujours des choses à faire, ou bien Growl se chargeait de venir lui coller sa truffe glacée tout contre la peau. L'animal devait probablement être étalé au sol, lui aussi profitant d'une grasse matinée plus qu'abusive...

Se figeant lorsqu'il ouvrit les yeux, Erik fut parcouru d'une sensation de terreur absolue : il n'était pas chez lui ! L'avait-on capturé pendant son sommeil ? Il n'était pas attaché pourtant... Sa vue termina de se mettre au point, le rassurant à demi. Cela n'était pas une salle de torture, mais cela ressemblait vachement à un dortoir d'hôpital. Avait-il fait un malaise ? Quel jour était-on ? Pourquoi se sentait-il désorienté comme s'il avait été assassiné à coup de jet-lag ?

« Qu'est-ce que je fous ici ? »

D'autres personnes étaient étendues sur des lits, ça et là, endormies... Ou mortes ? Lorsqu'il se redressa, une femme s'avança vers lui, commençant une phrase pour le rassurer, pour éviter qu'il ne panique : trop tard.

« Qui m'a emmené ici ? Je suis où ? »

Bien qu'un peu mal en point, il sortit hâtivement du lit, ses mouvements brusques et affolés firent hésiter l'inconnue. Regardant autour de lui, Erik repéra le sac qu'il avait préparé la veille. Sans demander son reste, il s'en empara.

« Attendez, vous désirez des explications ? Je peux vous en donner... Vous comprenez ce que je dis ? Cela faisait une semaine que vous étiez dans le coma, la puce devrait vous permettre de...

- Une puce ? »

Ayant ignoré la femme jusqu'ici, trop occupé à chercher quelque chose de bien plus important, il la fixa soudainement.

« On m'a mis une puce ? Qu'est-ce que vous faites aux gens ici ?

- S'il vous plaît, calmez-vous et laissez-moi tout vous expliquer. Vous avez été transféré ici, votre vie va changer, les choses vont être différentes, tout le monde est passé par la même étape. Nous sommes des survivants, regardez par la fenêtre, vous n'y reconnaîtrez aucune ville de la Terre. »

C'était insensé, mais la vue depuis la fenêtre donnait raison à l'infirmière, ou quoi qu'elle soit.

« La puce est implantée à chaque arrivant, elle vous permet de parler et comprendre une langue commune, sans que vous ne vous en rendiez compte. Elle vous servira également de carte d'identité et d'accès au centre d'information ou au réseau de communication. Elle ne fait rien d'autre, vous pouvez me faire confiance. »

Arrachant tout aussi violemment le bandage à son bras gauche, le jeune homme vit une légère marque au niveau de son poignet, quelques centimètres en dessous de la paume de sa main.

« La marque va s'estomper d'ici quelques jours, la puce n'est pas mauvaise pour le corps. Il faut également que je vous explique les généralités sur les secteurs avant que l'on ne vous affecte le vôtre.

- Que l'on m'aff... Non, mais c'est du n'importe quoi, laissez-moi tranquille, je vais rentrer chez moi. Où est mon chien ?

- Ah, c'est donc vous qui êtes arrivé accompagné, c'est la première fois que je vois un cas comme ça depuis que je suis affectée à ce secteur. Je ne sais pas où est votre chien, il a sans doute été emmené pour un examen complet. Nous n'avons pas de vétérinaires à proprement parler, mais il est sûrement entre de bonnes mains. »

Se calmant peu à peu, l'informaticien retourna sur son lit, perdu dans ses pensées, ou plutôt perdu tout court : Growl était quelque part ici... Et cette femme voulait lui raconter tout un tas de trucs.

« Les quatre secteurs de la cité sont ceux de l'Artisanat, la Défense, la Santé et la Recherche, en fonction de votre profil, un secteur vous sera assigné et vous pourrez commencez à y travailler sous la tutelle de mentors qui vous expliqueront un peu le fonctionnement interne du secteur.

- Travailler ? Attendez... Je ne compte pas m'éterniser ici, je récupère mon chien et je me barre... Vous n'avez pas le droit de me garder ici.

- Je suis désolée mais... Vous ne pouvez pas rentrer chez vous. Personne ne peut rentrer chez soi.»

Elle s'installa à côté de lui, son visage reflétant la compassion, comme tous ces gens qui croyaient bien faire en offrant leurs condoléances. Elle semblait terriblement sincère.

« Vous n'êtes plus sur Terre, il s'agit d'un nouveau monde... Croyez-moi, vous allez voir des choses horribles ici, des choses inédites, incompréhensibles, mais il faudra bien s'y faire, tout le monde s'évertue à travailler pour la cité, afin de survivre. Vous comprenez ? L'extérieur de la cité et tout ce nouveau monde regorgent d'horreurs et de dangers. Et malheureusement, il n'y a aucun moyen de rentrer. »

C'était du n'importe quoi ! Essayait-elle vraiment de lui faire un lavage de cerveau à coup de contes de fées ? À nouveau, il se redressa brusquement. Cette fois ci, il ne resterait pas une seconde de plus à l'écouter. Ne lui laissant même pas le temps de l'arrêter à coup de paroles, il s'élança au dehors, traversant déjà le couloir miteux et empruntant au pas de courses la première volée de marches qu'il croisa. Sortir de ce bâtiment ne devrait pas être un gros problème pour l'ex-militaire, tout ce qu'il devait faire, c'était de se dépêcher, se calquer sur le comportement des premières personnes qu'il croisait : l'infirmière qui était venue lui parler n'avait pas semblé porter le moindre signe distinctif, il avait donc une chance de s'en tirer facilement.

S'élançant dans la direction inverse du "Centre de soins" indiqué par un écriteau au mur, il manqua de percuter un médecin au détour d'un autre couloir. L'homme en question devait être proche de la cinquantaine et portait une blouse blanche : cet hôpital avait donc de véritables médecins ?

« Bonjour, je peux vous aider ?

- N-Non je ne faisais que passer...

- Comment ça ? »

S'efforçant d'adopter une démarche normale, il s'éloigna de quelques pas tout en restant tourné vers l'homme, l'air détendu, cachant sa nervosité comme il avait appris à le faire au sein de l'armée pour ses missions d'infiltration et de reconnaissance.

« J'étais venu voir quelqu'un, fit-il en montrant du pouce le couloir, mais elle ne s'est pas encore réveillée, du coup je reviendrais une autre fois...

- Très bien, vous ne voulez pas que l'on vous envoie un message lorsque...

- Non non ça ira, de toute façon je vais repasser.»

Plutôt content d'avoir réussi à s'en sortir sans encombres, Erik se hâta de s'éloigner, pour enfin arriver dans une sorte de grand hall d'accueil, très semblable à un hôpital, avec quelques patients et médecins qui discutaient. Sans s'attarder, il se dirigea vers la sortie : si l'infirmière l'avait suivi, elle n'allait pas tarder à croiser le médecin ou appeler une quelconque sécurité. Une fois à l'extérieur, il s'arrêta : vers où se diriger désormais ? Il ne connaissait pas les lieux !

« Tu n'iras pas bien loin sans en savoir davantage, mon garçon...»

Avec horreur, il remarqua que le médecin était déjà dehors, à quelques mètres devant lui. C'était impossible !

« Qu...Comment avez-vous ? commença-t-il.

- Ah, la magie, cela fait toujours un choc, mais tu t'y feras. Maintenant retourne à l'intérieur, tu as encore besoin d'aide et d'explications.»

Il fallait qu'on arrête de le prendre pour un imbécile ! Sans trop réfléchir, il s'élança sur l'inconnu, qui ne fut qu'à peine surpris d'une telle réaction, se préparant même à parer un coup. Manque de bol, ce n'était pas ce qu'Erik avait prévu (malgré le fait qu'il en avait tout de même envie). Un instant avant de porter son "attaque", il pivota et passa brusquement derrière le cinquantenaire, profitant de son élan pour donner un coup de coude dans le bas du dos de ce faux médecin : rien de bien mortel, juste handicapant si d'aventure cet indésirable souhaitait le courser. Avec les énergumènes militaires qu'il avait croisé, il savait que même un "vieil homme" entraîné pouvait faire preuve de compétences physiques surprenantes.

La suite ne fut qu'une série de courses effrénées et confuses : il devait mettre le plus de distance possible entre lui et cet hôpital de malheur. Son premier checkpoint fut un pont qu'il traversa à toute allure, remarquant au passage que la rivière qui passait dessous semblait faire le tour de toute la zone où siégeait le grand bâtiment plein de médecins. Des champs s'étendirent devant ses yeux, sillonné par des machines fonctionnant d'elles-mêmes, les quelques êtres humains présents semblant superviser leur dur labeur.

Ne restant pas immobile très longtemps, Erik fonça en direction des remparts qui se dressaient à l'autre bout de cette étendue agricole : était-il retenu dans une sorte de forteresse ? Un camp de prisonniers ? De cobayes cachés à la population pour faire avancer la science ? La peur s'emparant à nouveau de lui, il jeta un œil à la marque sous sa paume : c'était à cet endroit que passait un bon nombre de veines, la zone de coupure favorite des suicidaires... Il n'avait pas le temps de se soucier de ça, au pire il se charcuterait le poignet une fois sorti d'ici ! Ce ne serait pas la première fois, d'ailleurs.

L'air sifflant à ses oreilles lors de sa progression, il sentit l'adrénaline éveiller et affûter ses sens en un éclair : il ne s'agissait plus des petites frappes dans le secteur de Londres, qu'il dominait à l'aide de l'informatique, de ses connaissances person-nelles et de ses contacts éparpillés ça et là... Sa situation actuelle était visiblement plus sérieuse, plus dangereuse... Comme avant lorsqu'il partait à la chasse aux terroristes, lorsque la moindre erreur pouvait provoquer la mort d'un nombre conséquent de vies innocentes. Ou celle de ses coéquipiers.

S'arrêtant, les jambes endolories, la respiration saccadée, il sentit la panique l'envahir : ces remparts ne s'arrêtaient pas... Il ne voulait plus être enfermé, pas question, il avait contribué à sauver des vies, il méritait qu'on lui foute la paix. À sa droite, une énorme porte se substituait au rempart de pierre et d'acier : voilà ce qui allait sans doute lui offrir cette liberté à laquelle il s'accrochait autant. Observant ce monstre, il observa la succession de mécanismes permettant son ouverture : deux gardes semblaient veiller, discutant tranquillement, néanmoins vigilants. Peut-être qu'en les prenant par surprise... Il se sentait prêt à les affronter tous les deux, il n'avait pas vraiment le choix.

Sans paraître suspect, imitant les quelques passants qui vaquaient à leurs occupations, se dirigeant sans doute vers la place qui faisait face à l'imposante porte, l'ex-militaire contourna le poste de surveillance, s'en approchant par l'arrière, jusqu'à pouvoir entendre les deux hommes discuter. Jubilant intérieurement lorsqu'il réalisa que l'un des deux était sur le départ, il se faufila plus près.

« Franchement, m'envoyer dans les souterrains pour protéger des membres de l'Artisanat, ça doit faire trois plombes qu'il n'y a pas eu d'émergence de monstres lors des fouilles... Ils abusent un peu, non ?

- Bah, dis plutôt que tu préfères te tourner les pouces ici en regardant bêtement une porte.

- Je ne sais pas, c'est calme depuis quelques jours, mais ça ne veut rien dire, on peut se faire attaquer à tout moment, au moins lors des fouilles, on sait que quand une machine pète, c'est qu'un truc va nous tomber dessus.

- T'es juste jamais content...

- On ne dirait pas, mais en fait je suis très content d'être toujours en vie, c'est juste que...

- Non mais on en a déjà discuté, vas-y maintenant sinon tu vas être en retard. »


Lorsque l'inconnu quitta le lieu, Erik attendit un peu avant d'avancer furtivement vers le garde restant, espérant que l'absent ne soit pas remplacé trop vite. S'armant au passage d'un des nombreux morceaux de ferraille qui traînaient au sol, il se jeta sur sa cible et l'assomma d'un coup non modéré : il aurait très bien pu lui briser la nuque, mais autant éviter de tuer et laisser trop de traces.

« Bon maintenant, comment ça marche, ça...»

Les commandes d'ouverture de la grande porte n'étaient pas très conventionnelles, cela semblait à la fois sophistiqué, mais également primitif, un mélange de mécanique, électronique et informatique. Vu qu'il ne s'agissait tout de même que d'une foutue porte, le jeune homme n'eut guère besoin de bien longtemps pour comprendre comment activer le tout : lorsqu'il enclencha le processus d'ouverture, il se tourna vers le monstre de bois renforcé d'acier...

Dès que les deux battants commencèrent à s'écarter avec un bruit peu discret, Erik sprinta : ça s'était bien passé au final ! La chance était de son côté... Il n'avait plus qu'à trouver un coin plus sûr pour savoir dans quel pays il se trouvait, mettre la main sur du matériel informatique, et il pourrait s'en sortir. Rien ne lui disait que Growl avait été emmené avec lui : l'animal était stupide, mais pas lorsqu'il y avait du danger. Au pire, il déploierait toutes ses ressources pour venir à la rescousse de son fidèle compagnon à poils. Pour l'instant, il était impuissant...

L'extérieur n'avait aucun poste de surveillance, pas le moindre garde... Au loin, les arbres sans feuillage achevaient d'affoler le jeune homme : jamais il n'avait vu de paysage dans le genre. Mais les éclats de voix retentissant derrière lui le forcèrent à continuer, toujours tout droit, espérant semer ces faux médecins et gardes de cette forteresse où l'on faisait probablement d'horribles expériences sur d'autres humains.

Le bois et la végétation n'étaient plus bien loin lorsqu'il entendit quelque chose qui lui glaça le sang : un grognement bestial, menaçant, tout aussi inconnu que terrifiant. L'arbre devant lui devint flou, puis une créature apparut, comme si elle venait de sortir du tronc.

Un monstre faisait face à l'ex-soldat : une sorte d'ours aux allures félines ou lupines, surmonté d'excroissances similaire au bois de tous ces arbres sans feuilles qui constituait la forêt. Ce n'était ni un ours, ni un félin, ni une sorte de loup... C'était un démon, venu pour lui arracher la vie à coup de crocs et de griffes. Et quels crocs et griffes ! Lavage de cerveau ou émincé d'Erik en lambeaux ? Le choix était difficile à faire... La bête ne lui laissa pas de temps supplémentaire, se ruant sur lui, une énorme patte fendant l'air.

Le sang gicla, la douleur lui donna l'impression que sa tête venait d'être fendue en deux. Le jeune homme hurla de douleur, chutant au sol, une main sur le visage, la vision brouillée par tout ce pourpre et son cerveau qui le noyait de signaux. C'était la fin, n'est ce pas ? Au moins, on ne ferait pas de lui un soldat sans cervelle ou un cobaye de laboratoire. Mais c'était frustrant, tellement rageant : pourquoi le sort s'acharnait toujours sur lui ? Il ne voulait pas mourir ! Il voulait vivre, en paix, sans qu'on ne lui mette des bâtons dans les roues.

Sentant le monstre s'approcher, sans doute pour lui porter le coup de grâce, le pauvre humain, bien décidé à se battre jusqu'à son dernier souffle, brandit son bras droit : pouvait-il étrangler une chose aussi massive ? Peut-être qu'en lui crevant les yeux ? Si ça se trouvait, il allait mettre sa main directement dans la gueule de la bête... Ses doigts glissèrent dans une fourrure rêche avant que le poids de la bête ne lui fonde dessus : c'était aussi inutile qu'essayer d'étrangler un ours avec une seule main (ou deux, même).

Néanmoins, le souffle de la créature ne se rapprocha pas, une détonation sonna le jeune homme et fit rugir son assaillant, qui abandonna sa proie et se rua sans doute à nouveau au cœur de la forêt, disparaissant en quelques secondes. Des éclats de voix retentirent... Erik était à la fois terrifié et soulagé... La douleur qui lui déchirait le crâne se fit de plus en plus forte. Il sombra avant que les voix ne s'approchent de lui.

~~~~~

Reprenant connaissance, l'ex-soldat resta figé : ses muscles ne lui répondaient plus, il les sentait se réveiller au ralenti, bien trop lentement... La douleur, par contre, le percuta de plein fouet comme un TGV lancé à pleine vitesse.

« Ah, je savais bien que vous n'alliez pas tarder à vous réveiller. Restez calme et ne bougez pas. »

Bien sûr, rester calme, ne pas bouger : un comportement tout à fait cohérent pour une personne qui s'était retrouvée entre une sorte de forteresse spécialisée dans les expériences bizarres et un ours-loup-monstre-arbre-fantôme. Il était de retour dans l'hôpital, il le sentait au matelas peu confortable sur lequel il était allongé. Retour à la case départ. Avec une affreuse migraine. Quelqu'un lui attrapa la main lorsqu'il tenta de toucher au bandage lui recouvrant tout le côté droite du visage.

« Qu'est-ce que je viens de vous dire ? Vous êtes du genre à ne pas obéir facilement, n'est-ce pas ? Au moins vous avez vu ce qui vous attend en dehors de la cité... Vous avez eu de la chance de survivre à l'attaque d'un ursaï, cela vous a poussé à manifester vos pouvoirs pour la première fois, au moins c'est fait.

- De quoi parlez vous ?

- Vous n'avez pas compris en me voyant apparaître comme ça devant vous malgré votre fuite ? En voyant ce monstre traverser un arbre ? Ou en créant cette impulsion d'énergie qui a fait fuir cette même créature ?

- J'étais surtout occupé à sauter ma peau, pour votre information. »


L'homme laissa échapper un petit rire, déposant délicatement la main d'Erik sur le lit. Ce dernier était perdu, et sa réponse cinglante était une manière de camoufler son choc : il avait toujours été quelqu'un de pragmatique, presque cartésien, plutôt scientifique que religieux... Mais là, les preuves ne manquaient pas. Sa main gauche était également bandée : l'explosion d'énergie l'avait blessé. Ouvrant lentement son œil gauche, il fut rassuré : tout était un peu flou pour l'instant, mais ce devait être normal pour l'instant.

« Mon œil droit... est-ce que...

- Autre coup de chance, vous n'allez pas être aveugle de ce côté-ci, le coup de griffe a été assez violent, mais nous avons trouvé le moyen de régénérer votre œil. Par contre, il ne sera plus comme avant, tout comme votre visage, vous aurez des cicatrices à vie...

- Pour le temps que ma vie va durer, de toute manière... »


La main du médecin se serra alors autour de la sienne.

« Je pense que celle qui est venue vous voir a fait quelques... erreurs de communication. Ou vous de compréhension. Chaque arrivant a sa manière de réagir, on ne peut pas trop vous en vouloir... Enfin, un petit peu tout de même.

- C'est à ce moment là que je dois m'excuser pour vous avoir cogné ?

- Ça pourra attendre encore un peu, je suis plus robuste que j'en ai l'air, c'est le cas d'un peu tout le monde ici après quelques temps.

- J'ai le droit à d'autres explications, du coup ? Vu que je ne suis visiblement pas en état de m'enfuir ou attaquer qui que ce soit... »


Il n'y avait pas grand chose à rajouter de ce qui avait été dit par l'infirmière, il devait juste accepter les choses, le médecin fut néanmoins très compréhensif et lui expliqua un bon nombre de détails. Plus de retour sur Terre possible, il était désormais dans un nouveau monde, dans une cité peuplée de "survivants" qui étaient transférés depuis un bon paquet d'années. Chacun était affecté à l'un des quatre secteurs afin que son travail puisse contribuer à la survie de tous. Un brin communiste comme système, mais y avait-il d'autres possibilités dans ce cas là ? Il fallait procéder à un changement de paradigme complet.

Erik resta quelques jours à l'hôpital, se reposant, les pensées tourbillonnant dans la tête, les heures défilant à toute vitesse tandis qu'il finit par s'avouer une chose : il n'avait plus rien sur Terre, Growl, le seul être qui avait de l'importance pour lui était à ses côtés. L'animal ne comprenait pas ce qui se passait, il était juste heureux d'être aux côtés de son maître. Au final, l'ex-soldat en conclut qu'il s'agissait d'une seconde chance.

Son affectation au secteur de la Défense fut presque systématique au vu de son passé : des antécédents militaires, l'esprit stratégique, un corps entraîné et plutôt habitué aux situations extrêmes (même s'il allait devoir reprendre un peu les entraînements), une connaissance des armes... Et un pouvoir encore inconnu, mais l'énergie magique qu'il avait utilisé pour repousser l'ursaï avait sans doute blessé la bête, alors ça ne pouvait qu'ajouter du poids dans son curriculum vitae.

De plus... Il avait des comptes à rendre avec une certaine créature. Ses cicatrices le faisaient de moins en moins souffrir, et son œil blessé s'était recouvert d'un voile blanc presque opaque sans que sa vision n'en soit entravée. La magie de certains médecins était prodigieuse... Cependant, au vu de certains corps qui passaient dans l'établissement, le jeune homme avait visiblement eu beaucoup de chance.

Redevenir un soldat, ou plutôt "combattant" comme les habitants de cette cité disaient, c'était assez ironique au vu de sa désertion. Mais au final, il ne savait pas faire grand chose d'autre, alors même si la répartition dans les secteurs n'était pas au choix, Erik était plus que satisfait par la décision de ce "Conseil".

Après tout, combattre pour survivre, cela semblait être une perspective beaucoup plus agréable que se battre pour "son pays", ce qui se traduisait souvent par "son représentant politique", ou bien "les ambitions de son représentant politique". Le dernier jour, l'appréhension lui donna l'impression d'attendre au moins une semaine supplémentaire.

Erik Vargas
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HRP
Erik Vargas
Administrateur
 


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